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Christophe Rousset revient au Stabat Mater de Pergolèse

Le Stabat Mater de Pergolèse est une œuvre phare de la discographie. , qui n'en est pas à sa première approche au disque, nous offre ici une nouvelle lecture charmeuse et lumineuse, entourée par deux autres compositeurs, contemporains du compositeur.

En 1999, et proposaient pour Decca une première version du Stabat Mater avec Barbara Bonney et Andreas Scholl, très appréciée par son équilibre entre noirceur du texte et beauté des voix. Deux autres œuvres religieuses de Pergolèse complétaient ce disque qui fit date alors. Vingt ans plus tard, toujours à la tête de son ensemble , entoure sa nouvelle version par deux œuvres sacrées de et .

En fait, ce qui a fait depuis toujours le succès du Stabat Mater de Pergolèse, c'est son premier mouvement qui se fixe aussitôt dans la mémoire de l'auditeur : une simple gamme ascendante ou chaque degré accède au suivant à l'aide d'une dissonance… Voilà bien une idée de génie pour dépeindre le texte douloureux de cette hymne catholique : Debout, mère des douleurs… Tout d'abord énoncé par les instruments, ce procédé rhétorique est aussitôt repris par les voix solistes. Ainsi gravée dans la mémoire collective du mélomane, elle prend place aux côtés de la Toccata en ré mineur de Bach, ou de la Symphonie n° 5 de Beethoven. S'en suivent onze autres versets sur la déploration d'une mère face à la mort de son fils.

Depuis longtemps Christophe Rousset a visité avec succès le répertoire baroque napolitain et a su s'entourer à chaque fois de solistes inspirés par ces chefs-d'œuvre. , par sa voix pure et sobre portée par une grande sensibilité, est l'actrice idéale à ce drame en musique. En contre point, , jeune et brillant contre-ténor américain marie, avec conviction et élégance, sa voix avec celle de la soprano en un duo vibrant d'émotions diverses, générées par le déroulement du discours musical.

Il est curieux de constater l'impact que produisit cette œuvre, y compris parmi les plus grands compositeurs de l'époque, jusqu'à Johann Sebastian Bach qui en fit une transcription « luthérienne » avec le Psaume 51, pour sa cantate allemande BWV 1083. À ses côtés, cet enregistrement nous fait entendre le Salve Regina en sol majeur de . L'œuvre pour voix seule avec instruments déclame le texte de l'antienne à Marie par une longue déploration que porte avec gravité. Les versets successifs offrent divers climats qui se résolvent à la fin de l'œuvre de manière virtuose. Pour achever son programme, Christophe Rousset dirige le Beatus vir qui timet pour voix d'alto de , autre représentant napolitain de cet art éblouissant du chant virtuose, ici exprimé au travers des paroles du Psaume 111. Le style rappelle Antonio Vivaldi et concerte d'une voix volubile et libérée dans son registre d'alto sur les divers affects composant les sept versets de ce psaume. Par cet exemple, ce disque rassemble trois grands représentants d'une école napolitaine qui s'est échelonnée sur deux siècles.

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