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Vadim Repin, un violoniste éclectique

est un artiste éclectique et pressé, se produisant dans différents domaines. En mars dernier à Strasbourg, il jouait, en compagnie d' au violoncelle et d' au piano, les Trios avec piano de et de . En cette période troublée, il a bien voulu répondre à nos questions.


RM : Comment allez-vous ? Où êtes-vous actuellement ?

VR : Aujourd'hui, je suis à la datcha avec ma famille et je me sens bien. Je commence à me préparer pour la prochaine saison.

ResMusica : Comment vous sentez-vous dans cette nouvelle situation résultant de la pandémie de coronavirus ? Consacrez-vous désormais plus de temps à la répétition en solo à la maison ? Travaillez-vous sur un nouveau répertoire ou bien vous reposez-vous ?

 : En ce moment, j'en suis au deuxième jour de ma nouvelle vie, en train de chercher mes marques. Il est extrêmement plaisant de pouvoir rester à la maison, sans avoir constamment les yeux rivés sur l'heure. Après ces journées très difficiles avec le Festival du Transsibérien, et cette quantité astronomique de décisions de dernière minute, de changements de répertoire, de répétitions et de concerts, j'essaie de me reposer. J'élabore des plans pour les mois à venir. Il y a le répertoire et la préparation des festivals et concerts d'été. En espérant que la pandémie soit finie d'ici là.

RM : Pourriez-vous nous dire sur quelles partitions vous travaillez actuellement ?

VR : L'année prochaine, le répertoire nous demandera beaucoup de travail : il y aura des concerts avec orchestre, une nouvelle œuvre d'Arvo Pärt, et de la musique de chambre. L'un des projets est réalisé en collaboration avec l'orchestre Verdi à Milan, où je serai l'artiste en résidence pour la saison 2020-2021. Il comporte toutes les formes de composition musicale, mais aussi des ateliers au conservatoire.

RM : Votre planning était jusqu‘alors chargé. Est-ce un choc pour vous de devoir brusquement annuler les prestations déjà planifiées ?

VR : Tout projet coûte beaucoup d'argent. Que ce soit les tournées de l'orchestre à travers des pays magnifiques, ou un projet aussi spécial que « Pas-de-deux sur les doigts et pour les doigts », avec l'insurpassable , et bien d'autres encore. Une fois de plus, la situation dans le monde est très difficile pour tout le monde, sans exception. Il est important de ne pas perdre le fil de notre parcours créatif.

RM : Concernant le Festival du Transsibérien, les concerts à Novossibirsk du 21 au 28 mars ont eu lieu, pouvez-vous nous dire si ceux prévus à Moscou à partir du 17 avril seront maintenus ?

VR : En Russie, tout est annulé pour un mois.

RM : Sur quoi exactement souhaiteriez-vous vous concentrer ces prochains mois, surtout tant que le confinement ne sera pas levé ?

VR : J'élabore des plans pour ces mois d'isolement. Il se passe beaucoup de choses en ligne aujourd'hui. À ce propos, je voudrais d'ailleurs mentionner l'initiative « Restez chez vous avec les Saisons russes », qui permet au public français (et pas seulement) d'avoir accès à tout un contenu culturel sur la Russie, afin de conserver les liens entre nos pays. Il s'agit d'un prolongement en ligne du projet culturel international « Les Saisons russes ».

RM : Récemment, vous avez joué beaucoup de musique de chambre. Qu‘est-ce qui vous attire le plus dans ce domaine et pourquoi ? N'êtes-vous pas gêné par le fait que cette musique ne favorise pas un soliste mais laisse au contraire tous les musiciens s'exprimer sur un pied d'égalité ?

VR : Pour moi, la musique est avant tout un dialogue. Peu importe s'il y a trois personnes sur la scène ou quatre-vingt-dix, car c'est de ce dialogue que proviennent le plaisir et l'accomplissement.

RM : Est-ce que vous élargissez encore votre répertoire de musique de chambre ? Si oui, quelle en est la motivation : le désir de partager avec le public vos nouvelles expériences, le désir d‘explorer un répertoire inconnu ou la volonté d'apporter sa pierre à l'édifice de « l'interprétation musicale » ?

VR : Tout a un sens… En particulier, il est impossible d'élargir l'horizon de la pensée et d'avoir un développement sans une extension permanente du répertoire.

RM : Que voudriez-vous communiquer à vos fans en France pour cette période difficile ?

VR : J'ai vraiment beaucoup d'amis en France ! Je suis en contact direct avec un grand nombre d'entre eux. Je suis attristé par la situation en France, et je souhaite, pour tous ceux qui vivent dans ce pays que j'adore, que le pic soit atteint aussi rapidement que possible, pour que nous puissions à nouveau voir la lumière à la fin de ce tunnel. Protégez vos proches. En une telle époque, l'humanité est une force importante.

Crédits photographiques : © – DR

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