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Le Beethoven « d’époque » de Kristian Bezuidenhout

au piano-forte et à la tête du débutent leur intégrale des concertos pour piano de Beethoven pour le label Harmonia Mundi, avec ce premier opus appariant les Concertos n° 2 et n° 5.

Cette intégrale en 3 disques s'inscrit dans un vaste projet intitulé « Beethoven 20/27 », visant à présenter l'essentiel de l'œuvre du maître de Bonn sur une période allant de 2020 (250ème anniversaire de sa naissance) à 2027 (200ème anniversaire de sa mort). L'originalité et l'intérêt de cet enregistrement ne tiennent pas tant à la mise en miroir du premier (1801) et du dernier concerto pour piano (1811) de Beethoven, qu'à l'instrumentarium utilisé : instruments d'époque pour le et piano-forte Conrad Graf 1824 dans une copie de 1989 due à Rodney Regier. Après Malcom Bilson, et , c'est au tour de de nous présenter cette vision « historiquement informée » des concertos de Beethoven. C'est assurément avec une oreille nouvelle et un certain « lâcher prise mémoriel » qu'il faut écouter cette nouvelle lecture empreinte de la sonorité claire, chantante et brillante du piano-forte, comme du jeu éblouissant de Kristian Bezuibenhout.

Dés les premières mesures de l'Allegro du Concerto n° 5on est frappé par l'ampleur et l'allant de l'orchestre contrastant avec le jeu délicat et élégant du piano, avant qu'une belle symbiose ne s'établisse entre les acteurs. Équilibre, écoute mutuelle et vision plus intimiste sont les maîtres mots de cette interprétation où la virtuosité pianistique répond à la pertinence de l'accompagnement orchestral, clair, très coloré, avec des appuis rythmiques nettement marqués (timbales). L'Adagio débute par une admirable introduction orchestrale à laquelle le piano, tout en délicatesse, vient mêler sa voix dans une cantilène méditative, très spiritualisée où l'on notera la beauté des contre-chants de vents et du cor en particulier, avant que la cavalcade vif-argent et jubilatoire du piano ne reprenne ses droits dans l'Allegro final.

Souffrant, sans nul doute, de la comparaison avec le concerto précédent, le Concerto n° 2 fait, toutefois, bonne figure par son regard un peu passéiste, non dénué de charme, lorgnant vers Mozart et Haydn. Dans une orchestration plus fruste et un propos moins ambitieux, il laisse la primeur au piano en offrant à une superbe occasion de faire montre de l'excellence de son pianisme qui trouvera son aboutissement dans la cadence du premier mouvement, empruntée à . L'Adagio très lyrique développe ensuite sa complainte élégiaque portée par le toucher aérien du soliste et la sonorité cristalline du piano-forte avant que le Rondo final ne renoue avec une virtuosité pianistique éclatante.

À l'écoute de ce premier album très convaincant, il n'est pas hasardeux d'affirmer que Kristian Bezuidenhout, et le relèvent avec brio leur audacieux pari, on attend avec impatience la suite de cette intégrale qui ne dépareillera pas, probablement, face aux grands anciens. À suivre…

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