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L’édition 2020 du festival des Arcs debout malgré la crise sanitaire

Il faut saluer les efforts des organisateurs des festivals qui ont tenu à maintenir leur édition 2020 en dépit des restrictions sanitaires. Aux Arcs, si l'académie d'été a dû être annulée, les concerts ont pu avoir lieu même si la programmation originelle a été modifiée et les conditions matérielles adaptées. La retransmission des concerts a été mise en ligne et les manifestations se sont tenues avec une jauge réduite.

Le week-end des 25 et 26 juillet 2020 proposait ainsi d'abord un concert dans la salle de la Coupole (sur le site Arc 1800) devant une petite cinquantaine de personnes. Après cinq brèves pièces pour violon et violoncelle de Glière tirées des huit opus 39 au charme mélodique incontestable mais à la portée musicale restreinte, jouées par Antoine Paul et Bumjun Kim, venait une pièce de , compositrice en résidence aux Arcs en 2020. Snow, moon and flowers (2018) est un trio pour clarinette, piano et violoncelle inspiré par dix des cent vues d'Edo de Hiroshige, l'un des maîtres de l'estampe japonaise avec Hokusai. Pièce particulièrement séduisante où passent, outre quelques discrets accents orientaux, de prenantes mélodies surtout confiées au violoncelle contrastant avec une motricité rythmique très présente. On passera en revanche rapidement sur l'exécution assez erratique du quatuor opus 25 de Brahms par un ensemble hétérogène, déparé par les errements du violon et quelques traits boulés du piano.

Le lendemain, sur la place basse des Villards, un concert en plein air associait deux quintettes, celui à deux violoncelles opus 11 n°6 de Boccherini, une vraie rareté dite « la volière » en raison de ses nombreux effets imitatifs, joué par le jeune quatuor féminin Akilone renforcé par Adrien Bellom, et le quintette opus 111 de Brahms par divers musiciens du festival, dont trois issus de la famille Levionnois. Les conditions difficiles de l'exécution, avec notamment un vent fort qui a joué bien des tours aux partitions tenues par de nombreuses pinces à linge, rendent un peu difficile une appréciation objective de l'interprétation.

Enfin, le soir avait lieu le temps fort du festival avec le concert en hommage à Roger Godino (1930-2019), décédé en septembre dernier. Ce polytechnicien à l'esprit très créatif est l'inventeur même de la station des Arcs à laquelle il avait voulu dès le début associer ce festival aux concerts gratuits. Après les mots émouvants de sa fille Florence et de qui dirigea le festival de nombreuses années, ce dernier nous offrit une brève mais séduisante Valse sur le nom de Godino composée pour le promoteur par avant une splendide exécution du concerto n° 14 de Mozart. Écrit pour un orchestre à cordes avec cors et vents ad libitum, ce chef d'œuvre supporte parfaitement une exécution où le piano dialogue avec un quintette à cordes. L'interprétation immaculée et poétique de a culminé dans un magnifique mouvement lent, certainement le moment de grâce le plus émouvant de ces trois concerts.

a ensuite présenté deux mélodies d'après William Butler Yeats (2018) où l'on retrouvait Bumjun Kim à qui est revenu, comme dans le trio de la veille, un chant splendide pour le violoncelle, la pianiste Celia Oneto Bensaïd et la soprano , manifestement peu familière de l'anglais. La soirée s'est conclue avec une réalisation des métamorphoses de Strauss pour septuor à cordes, le violoncelliste autrichien Rudolf Leopold, parti du fait que Strauss avait d'abord conçu l'œuvre pour cette formation, ayant reconstitué le projet initial du compositeur autrichien. Néanmoins, cette réduction perd de la géniale densité polyphonique de la version définitive pour vingt-trois cordes dont elle ne retrouve pas pleinement la magie quel que soit son intérêt musicologique. Chapeau bas cependant aux organisateurs pour avoir su rester fidèles à l'esprit du fondateur en dépit d'une année particulièrement troublée.

Crédits photographiques : © C. Augé

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