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Khatia Buniatishvili et les solistes de l’OPMC à Monte-Carlo

Le rendez-vous était pris lundi dernier à Monte-Carlo pour écouter la pianiste en musique de chambre. Ce concert fort attendu, après l'annulation de celui programmé en juillet avec l', avait pour cadre la magnifique Salle Garnier.

n'était âgé que de seize ans lorsqu'il termina l'écriture de son octuor à cordes. Cette œuvre composée pour l'anniversaire de son ami, le violoniste Eduard Rietz, se voit dotée de traits orchestraux car elle est pensée pour huit voix différentes et indépendantes. C'est cet aspect-là que les solistes de l' ont su mettre en lumière à travers une interprétation équilibrée et homogène.

D'un caractère passionné, le premier mouvement révèle une construction aérée. La douceur boisée du thème principal s'étoffe au fil des mesures. Sous l'impulsion du premier violon, le phrasé libère une verve expressive soutenue par des attaques vives. Le jeu de chacun permet d'apprécier un fin dialogue. Les parties lyriques sont séduisantes grâce à une immédiateté de ton. Après un Andante aussi plaintif que pénétrant, le Scherzo est caractérisé par son articulation solide. Cette cohésion est éclatante dans les traits rapides à l'unisson. Tous s'en donnent à cœur joie avant le Presto final joué à l'énergie. La fugue parfaitement conduite amplifie le caractère ensoleillé de cette page.

Nous entendons ensuite dans l'Impromptu  3 de Schubert. Son pianisme déroule une infinie tendresse, et nous pénétrons au cœur d'une vérité intimiste dont la douce mélancolie nous touche. La reprise du thème initial retient le temps, baigné d'amour et de bienveillance. Ce tableau poétique est prolongé par un Clair de Lune évocateur. La pianiste saisit l'instant et devient la narratrice d'une vision aux teintes impressionnistes, parfois rêveuses, d'où se dégage une profonde sérénité.

Changement de plateau pour le Quintette pour piano et cordes de Franck. D'autres solistes de l'OPMC rejoignent la pianiste. Animés par le même esprit, tous se donnent sans compter dans cette partition enivrante. La conduite de chaque mouvement est le fruit d'un subtil échange grâce à une qualité d'écoute de premier plan. Le jeu des musiciens fait ainsi valoir une véritable symbiose.

La couleur dramatique du Molto moderato est exprimée avec une intensité vibrante et ne manque ni de contrastes, ni de mystère. varie les textures, façonne des plages éthérées aux harmonies délicates. Son piano imprime des accents véhéments dans des mises en tension tempétueuses. Les cordes ne sont pas en reste que ce soit dans la relance du discours ou les climax. On retrouve des décrochages émotionnels en apesanteur dans le Lento. Son climat incertain est parcouru par des touches irréelles de lumière, des éclaircies porteuses d'espoir dans cette noirceur énigmatique.

Le mouvement final et ses allures de chevauchée débute par des violons aussi nerveux qu'inspirés. L'urgence de jeu nous est restituée avec passion pour culminer en une brillante conclusion.

Crédits photographiques : photo de Une © Jean-Baptiste Millot ; photo de concert © Electron Libre Productions

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