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Concertos pour violon de Schoenberg et Brahms par Jack Liebeck

Le violoniste présente un nouvel album de concertos directement en lien avec son histoire familiale.

Pour sa quarantième année, revient à son passé et ses racines, à travers un programme musical fait d'un concerto très célèbre et d'un autre plus rare, même si maintenant définitivement installé au répertoire. Issu d'une famille juive d'origine allemande, a toujours entendu de son grand-père, le violoniste accompli Walter Liebeck, à qui l'on conseille dès 1934 de quitter l'Allemagne pour l'Afrique du Sud, que le plus grand concerto pour violon était celui de Brahms. Lorsque Jack Liebeck entreprend son nouvel album, il s'attèle alors à ce chef-d'œuvre de la littérature musical, et lui cherche un couplage cohérent. L'évidence apparaît avec le Concerto pour violon de , grand défenseur de Brahms et lui-même émigré aux États-Unis en 1933, où il se met à la composition de son ouvrage dès l'année suivante, année d'émigration du grand-père précité.

Le projet personnel de Liebeck, qui après Sony Music enregistre aujourd'hui pour le label londonien Orchid Classics, est donc enclenché. Encore faut-il qu'il ait une valeur musicale pour se justifier. Et c'est ici que l'on prend plaisir, dès les premières mesures, à découvrir l'une des meilleures versions récentes du Concerto en ré opus 36 de Schoenberg. Le violon s'y montre immédiatement très concentré sans être jamais dur, lyrique en même temps que toujours maintenu dans une atmosphère de doute. Loin de la modernité exagérée d'Hilary Hahn avec Salonen, ou du renouveau recherché par Isabelle Faust (avec Daniel Harding, Liebeck retrouve plutôt les sonorités modérées du passé, à l'image de la version Zeitlin-Kubelik. Pour l'accompagner, le , légèrement en retrait par la prise de son, bénéficie de la direction précise et sans excès d'un chef qui, comme le soliste, doit son début de carrière au Hallé Orchestra.

Beaucoup plus enregistré, le Concerto pour violon opus 77 de Brahms ne démérite pas sous ces mêmes artistes. Le violon toujours méditatif (magnifique Adagio) affiche une superbe matité dans cette partition souvent exagérée par les virtuoses. Évidement, la concurrence est ici plus rude, même chez les modernes, où Vadim Repin avec Chailly (DG, Clef ResMusica) bénéficie de la densité du Gewandhausorchester Leipzig en arrière-fond, quand Gil Shaham s'accompagnait d'Abbado et des Berliner (DG). Mais là encore, le beau Guadagnini de 1785 de Liebeck ramène plus facilement au traitement d'un Heifetz et de ce style interprétatif, tandis que le BBC Symphony dirigé par recherche un son aéré, sans jamais vouloir massifier une partie d'orchestre ici toujours claire, pour laquelle on apprécie la souplesse des cordes autant que la luminosité des bois.

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