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Les couleurs de l’orgue français avec Gaëtan Jarry à Versailles

Ce quatrième volume de la collection versaillaise consacrée à l'âge d'or de l'orgue classique français, nous offre avec Gaëtan Jarry, après un premier disque de Noëls, une sorte de « best of » réunissant parmi les plus belles pièces du répertoire baroque parsemé de quelques surprises.

Une nouvelle fois on retrouve avec bonheur la belle ambiance de la Chapelle royale de Versailles pour un récital d'orgue donné par Gaëtan Jarry, familier d'un répertoire qui fait toujours les heures de gloire de ce type d'instrument. Il a largement étudié ce style auprès de ses maitres Olivier Latry, Frédéric Desenclos et Michel Bouvard, ces deux derniers étant eux-mêmes titulaires de l'orgue royal versaillais. Le programme nous offre en grande partie des œuvres composées par des auteurs de la cour qui de près ou de loin se rapportent à l'orgue.

écrit une musique solaire avec son Grand Dialogue en Ut majeur en cinq parties, que lui même fit sans doute retentir en ces lieux. et furent eux aussi organiste à cette tribune, chacun à sa manière : Le plein Jeu avec plain chant en taille de Couperin reste une merveilleuse ouverture pour l'office divin, et les variations sur l'hymne pascal « O filii et filiae » nous montrent tout l'art virtuose et inventif de Dandrieu. ne fut pas organiste mais sa présence à Versailles est omniprésente, y compris ici au travers de transcriptions d'extraits célèbres tirés de ses opéras. Certaines furent même rédigées par des collègues comme Jean-Henry d'Anglebert avec la fameuse Passacaille d'Armide.

est présent avec les accents de son Te Deum, témoin une nouvelle fois de la solennité de la cour. est l'un des derniers grands musiciens de l'Ancien Régime et se fit particulièrement remarquer au Concert Spirituel qui se réunissait dans une salle de l'ancien palais des tuileries à Paris et qui renfermait un orgue, vraisemblablement construit par le facteur Jean-Baptiste Micot. Corrette écrivit plusieurs concertos pour orgue et orchestre et Gaëtan Jarry nous propose le deuxième, tout empli du style italien et galant à souhait. est présent dans ce florilège au travers de quelques transcriptions puisque bien qu'organiste, il ne subsiste aucune pièce pour son instrument. Deux hors sujets surprise terminent ce concert avec la passacaille qui termine l'opéra Didon et Énée de et l'arrivée de la reine de Sabah du Salomon de , une belle Sinfonia conclusive.

Avec un tel programme, la plupart des mélanges de jeux de l'orgue classique français sont présentés au travers de textes de premier choix. Le jeu de Gaëtan Jarry est profondément maitrisé afin d'apporter un équilibre au niveau de l'abord du clavier en fonction des climats et des timbres. Chaque mélange se touche différemment, ce qui en fait toute la subtilité. Afin de parfaire son approche, l'interprète nous explique dans le texte d'accompagnement qu'il n'a pas hésité à utiliser certaines techniques moderne d'enregistrement dont le montage ou la superposition, afin de rendre plus orchestrales encore les diverses couleurs ainsi que le rendu général de l'orgue. C'est une bonne idée que permet le disque, au service d'un résultat qui seul compte et qui est une réussite.

Comme pour les précédents volumes de la collection, la prise de son est particulièrement belle, profonde, aérée et pourtant à la fois tout aussi précise. On la doit à Camille Frachet qui a assuré également la direction artistique. D'autres volumes sont annoncés, on les attend avec impatience, tant les vibrations de cette chapelle et de son orgue historiquement retrouvé réjouissent l'auditeur à chaque fois.

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