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Sound Fictions en avant-première au Théâtre Garonne de Toulouse

Conçu en binôme par et pendant le confinement, le nouveau festival Sound Fictions prévu pour le printemps 2021 est accueilli par le Théâtre Garonne de Toulouse pour une après-midi de lancement organisée grâce au soutien de la Spedidam.

Ils sont tous deux compositeurs et directeurs de structures dédiées à la création et à la formation : a fondé l'association Flashback 66 à Perpignan, co-dirige avec le Studio Éole à Toulouse.

Ils ont en commun le désir de décloisonner les genres et les pratiques, de repenser les formats du concert et donner d'autres perspectives à la création sonore en faisant appel aux nouvelles technologies. Sur scène pour présenter le projet, avance le terme de « formes hybrides » où interagissent le son instrumental, l'électronique et la vidéo et mettent l'interprète-performeur au cœur de la création, dans un travail coopératif avec le compositeur et le vidéaste, « comme dans une compagnie de théâtre » ajoute-t-il. , retenu en Pologne mais visible sur l'écran, revient sur les enjeux « multilatéraux » du projet et la volonté d'inscrire un nouvel événement dans le paysage de la création en l'ancrant dans la région Occitanie. Précisons également que l'initiative est soutenue par La Spedidam (Société de Perception et de Distribution des Droits des Artistes-Interprètes), en la présence de son gérant Guillaume Damerval et de Benoît Sitzia, responsable Spedidam de la section « Musique classique et de création », à qui l'on doit la gestion et la coordination sans faille de cette journée de lancement.

Trois instigateurs donc et autant d'événements prévus à partir de 15h30. Florent Pujuila, clarinette solo de l'Orchestre de chambre de Paris et artiste « Génération Spedidam » a malheureusement été contraint d'annuler sa prestation pour cause de pandémie. C'est donc avec la création mondiale de Irijori (« va et vient » en coréen) que débute le spectacle, une réalisation audiovisuelle pleine de surprises où interfèrent le son instrumental, le traitement électronique et la vidéo. L'altiste , soliste de l'Intercontemporain, est sur scène, mais sans son alto dans la première partie de la pièce. Baguettes de percussion et micro en mains, notre performeuse tout terrain met en action une cymbale (on pense à Microphonie I de Stockhausen avec les tams). L'idée est de percuter selon divers modes de jeu et qualités de baguette la surface métallique et de capter avec le micro les résonances et vibrations relayées par le traitement électronique live que contrôle le compositeur à la console. Le vidéaste Thomas Penanguer s'est focalisé quant à lui sur la dimension rotatoire du mouvement, liant très finement la propagation de l'image projetée au sol et les ondes de résonance déployées dans l'espace. prend son alto avec sourdine de plomb dans un deuxième temps, donnant à entendre des textures microtonales raffinées sur les résonances moirées de la cymbale enregistrée. La pulsation s'installe dans une dernière section accumulant des formules rythmiques irrégulières confiées à l'alto dans un processus d'amplification et de stratification assumé par l'électronique. Côté image, Thomas Penanguer toujours dans l'épure travaille sur l'effet vibratoire de l'image en noir et blanc, visant l'effet stroboscopique dans la troisième partie de l'œuvre où l'image investit le plein écran. Forme hybride faisant appel aux outils du « temps réel » telle que la revendique Alexander Vert, Irijori met au centre de l'événement sonore le geste de l'interprète/performeuse et l'interaction sensible de l'image et du son.

Tel est aussi l'enjeu de Light music (2004), une œuvre emblématique du compositeur . Le titre joue sur l'ambiguité du mot « Light », signifiant tout à la fois « léger », car l'instrument est désormais virtuel, et « lumière » puisque c'est dans le rayon lumineux où passent les mains du performeur que le mouvement est converti en images, à la faveur du dispositif interactif conçu par . Créateur du « rôle », le percussionniste investit la scène plongée dans le noir. Les sons naissent par l'action des capteurs sur ses doigts et sont manipulés, étirés ou contractés selon l'écriture chorégraphique et les ressorts de la transformation électronique live : spectacle fascinant où l'œil écoute, le mouvement devenant l'interface du geste et du son, de la lumière et de l'image. Évoluant sur scène avec l'élégance du danseur, devient le personnage d'un scénario où le jeu instrumental n'est plus quelque chose d'exclusif et de limitatif et où le son devient générateur de fiction.

C'est sur cet axe de réflexion qu'Alexander Vert et Pierre Jodlowski ont élaboré la programmation de leur festival. Rendez-vous est pris en 2021 à Toulouse pour Sound Fictions #1.

Crédits photographiques : © Association Flashback ; © Arthur Pequin

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