A l'occasion des 30 ans du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, le département chorégraphique a proposé la diffusion exclusive en direct sur Internet de son Event Cunningham x 100, filmé en novembre 2019 depuis la Grande Halle de La Villette. Une formidable occasion de montrer que le chorégraphe américain est devenu un nouveau classique.
Merce Cunningham a créé le premier Event en 1964, au Museum d'Art moderne de Vienne, faute d'espace convenable pour danser. Ces grandes messes où les danseurs de sa compagnie, mais aussi les stagiaires ou élèves d'autres écoles pouvaient se joindre, afin de populariser sa pratique de danse, ont été généralisées dans les années suivantes, faisant exploser les codes et les cadres, avec ce concept de spectacle nomade, avec des séquences interchangeables et dont la répartition était tirée au sort.
Il était donc plus que légitime que le département des études chorégraphiques se saisisse de l'occasion du 30ᵉ anniversaire du CNSMDP pour renouer avec cette tradition. Une légitimité d'autant plus forte que Cédric Andrieux, son directeur, est lui-même ancien danseur de la Merce Cunningham Dance Company. Il avait donc décidé de rassembler les cent vingt élèves en danse et les élèves de la classe de percussion du Conservatoire pour cet Event géant proposé à La Villette en novembre 2019, le cadre du Festival d'Automne à Paris. Une occasion unique de rendre hommage au maître de la modernité chorégraphique, et de montrer l'importance de la technique Cunningham pour la danse d'aujourd'hui.
S'ouvrant avec les élèves de la classe de pré-professionnalisation, qui font preuve d'une extraordinaire vitalité et d'une certaine liberté, l'Event Cunningham x 100 est aussi l'occasion de mettre en avant l'ensemble des classes et des niveaux du Conservatoire. Les plus jeunes élèves peuvent ainsi se familiariser, en silence, avec les déplacements et quelques mouvements parmi les plus simples du vocabulaire gestuel du chorégraphe américain, tandis que les plus avancés peuvent travailler l'adage, les équilibres, les sauts et les courses.
Filmé en plongée, mais aussi depuis le côté cour (ou jardin) et de face, le direct offre un triple point de vue sur les élèves, tandis que les élèves de la classe de percussion les accompagnent avec vigueur et précision depuis une estrade placées en fond de scène.
Les élèves puisent avec bonheur dans le vaste abécédaire chorégraphique qui est mis à leur disposition. L'ensemble est net, posé, impeccable. Un ample solo très maîtrisé succède à un quatuor dans lequel trois garçons jouent aux osselets tenant tour à tour une fille. Puis c'est au tour de deux filles aux cheveux nattés serrés de se faire face dans un lent enchaînement de déhanchés et de ports de bras.
Un tutti final permet de réunir à nouveau tous les élèves, qui ont du se régaler d'avoir accès à un si vaste espace de plateau, sous la Grande Halle de La Villette.
Crédit photographiques : © Charlotte Bommelaer
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