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Deux lettons devant les Berliner Philharmoniker

dirige les Berliner dans une Symphonie n° 1 « Titan » de Mahler bien construite, après avoir accompagné dans le Concerto pour violon de Stravinsky géré avec dextérité par la soliste.


et étaient prévus dès la parution du programme de début de saison. Si le chef letton maintient en seconde partie de l'unique concert du samedi la Symphonie n° 1 de Mahler initialement inscrite, il remplace dans la première partie l'Offertorium de Sofia Gubaidulina par le Concerto pour violon d'.

Créé dans la capitale allemande en 1931 par le commanditaire de la partition, Samuel Dushkin, le Concerto pour violon en ré majeur est loin d'être un ouvrage souvent proposé. Sa réputation est principalement due au disque de référence d'Izhak Perlman et Seiji Ozawa (chez DG). Nelsons s'y montre moins étincelant que son aîné japonais à Boston, mais cherche plus à maintenir la forme d'une pièce assez complexe à aborder comme un tout. La Toccata ouvre sur les cuivres, dont l'ancien trompettiste du National de France, parfaitement affûté tout au long de la soirée. Puis aborde sa partie avec une excellente maîtrise de son Stradivarius 1725, jamais trop porté à l'aigu. L'Aria I parvient à créer une atmosphère plus sombre, bien soutenue par les violoncelles et le basson, et toujours superbement gérée par la violoniste, qui poursuit ensuite en s'accordant au tempo encore plus lent de l'Aria II. Une légère pause avant le Capriccio permet à tous de regagner en dynamique et brio, avec une belle présence des flûtes, où un peu plus d'éclat dans l'approche du chef et de transparence globale dans l'orchestre n'aurait pas nui.


Après la pause, les Berliner Philharmoniker se renforcent pour aborder la Symphonie n° 1 de Mahler, elle aussi en tonalité principale de ré majeur, interprétée en effectif complet par des musiciens maintenant plus rapprochés entre eux que cet été, et surtout non masqués, même pour les cordes. Cela permet évidemment de mieux agencer les masses et de moins individualiser les pupitres, sans tomber dans les excès d'individualités de plus en plus mises en avant par l'actuel directeur musical Kirill Petrenko. De cette pâte sonore reste toutefois les roulis trop clairs et trop nets des timbaliers, trop présents et hors-sujet au finale. Pour le reste, le style actuel de Nelsons se remarque par une approche du son dense et lentement construite, très concentrée dans le développement du Langsam, un peu plus en retrait dans la ferveur du Kräftig. Sauf erreur, il s'agit de la première Titan du chef letton, et cela se sent encore dans l'abord de certaines touches mahlériennes, bien que l'on se souvienne des sublimes 5e de 2015 à Londres, puis à Lucerne, peut-être un peu moins puissante la même année avec les Berliner.

Le solo sur l'air rendu funèbre de Frère Jacques du Feierlich und gemessen est pris à une seule contrebasse, alors qu' aujourd'hui il est plus habituel, sinon validé, de faire jouer tout le groupe. Il fait ensuite lever les cors à la coda, sans leur donner toute la puissance qu'ils doivent créer par cette posture, ni oser leur accoler une trompette et un trombone, comme c'est prévu par la partition. Des musiciens ressort la magnificence de chaque solo : des flûtes encore, de la harpe, ou même du premier violon, Daishin Kashimoto, que Nelsons laisse s'exprimer d'un sourire amusé lors de la Marche Funèbre (31'20), rehaussé juste après par le sublime hautbois. Puis toute la puissance des Berliner s'exprime dans le Sturmisch bewegt, mouvement qu'on a pu parfois entendre plus cataclysmique et plus marquant.

Crédit photographique : © Stephan Rabold /Berliner Philharmoniker

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