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Sieidi, l’œuvre concertante à succès de Kalevi Aho

Bis poursuit la publication du vaste corpus symphonique de avec Sieidi, un concerto pour percussion qui est sa pièce pour orchestre la plus jouée au concert. En complément, une symphonie de jeunesse ambitieuse, au langage sensiblement daté. 

Siedi est un concerto pour percussions à succès, puisqu'il a été joué près de 80 fois en 10 ans, et qu'il continuait à être programmé à travers le monde avant que l'épidémie de Covid-19 ne vienne suspendre cette belle lancée. La raison de ce succès s'explique par une triple qualité : musicale, lisibilité scénique et message programmatique. Le point de départ de l'œuvre est « une approche universelle au rituel et au chamanisme », siedi désignant pour les Samis, un peuple finno-ougrien du nord de la Scandinavie, un lieu de culte ancestral, comme un roc à la forme inhabituelle. Le soliste joue sur le devant de la scène de neuf instruments de techniques et d'origines variées : tout commence par un solo de djembé africain, se poursuit par une darbouka arabe, des percussions européennes, des blocs chinois, culmine sur le tamtam, puis le musicien redéroule tous les instruments jusqu'au point initial. En 36 minutes, Aho offre un condensé de virtuosité et d'expressivité de la percussion, qui souligne son universalité multimillénaire en l'inscrivant dans l'actualité de la musique savante occidentale. est à l'origine de cette création et elle est devenue pour lui une pièce iconique, qu'on a pu entendre à Helsinki en 2017 avec Osmo Vänskä son créateur.

La Symphonie n° 5, composée en 1975-1976 est de l'aveu du compositeur, une œuvre de transition. Dans son analyse des symphonies d'Aho, Jean-Luc Caron note que le compositeur choisit l'enchevêtrement d'éléments musicaux distincts (reflux de la
polyphonie de mélodies) et la composition par couches musicales superposées (polyphonie de musiques fragmentaires multiples), et qu'il réalise une sorte de synthèse d'influences post-romantiques, de Charles Ives et de clusters. Si la symphonie est incontestablement ambitieuse sur le plan de l'écriture, on avouera ne pas adhérer totalement à son approche quelque peu brutaliste, qui paraît un peu datée. Reconnaissons toutefois qu'il était bien difficile d'écrire des symphonies à cette époque, genre méprisé par tout un pan de la modernité musicale de l'époque. , musicien russe naturalisé finlandais, est le chef attitré de l' et il est donc intéressant de l'entendre défendre ce répertoire, important pour la Finlande. Par rapport à l'enregistrement pionner de l'Orchestre symphonique de la Radio de Leipzig avec Max Pommer réalisé en 1991, il s'emploie à alléger et tendre le matériau musical, la symphonie étant donnée en 24 minutes contre 29 pour Pommer. Cette différence plus que notable joue favorablement sur la perception de cette musique, sans toutefois retirer son intérêt à la version allemande, qui a une gravitas qui peut avoir ses adeptes. Les deux captations s'écoutent comme un témoignage de l'évolution d'un jeune compositeur, qui se trouvera quelques années plus tard, écrite dans une époque qui était stylistiquement compliquée pour le répertoire symphonique.

 

L'étude des œuvres symphoniques de par Jean-Luc Caron (2009)

Kalevi Aho, le symphoniste affranchi

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