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One Shot, création posthume d’Ousmane Sy à Suresnes

La création d’Ousmane Sy aurait dû faire l’ouverture du festival Suresnes Cité Danse, l’un des principaux festivals pour la scène hip hop en France. Diffusée en direct sur France TV il y a quelques jours, One Shot résonne comme un hommage posthume au chorégraphe Ousmane Sy, emporté soudainement par une crise cardiaque le 27 décembre dernier, vingt-deux ans après avoir foulé pour la première fois la scène du Théâtre Jean Vilar.

Avec sa distribution exclusivement féminine, One Shot s’inscrit dans la continuité de Queen Blood, le précédent opus d’Ousmane Sy, chorégraphe et danseur surdoué de la house française. Co-directeur depuis plus d’un an du Centre chorégraphique de Rennes, avec le collectif FAIR(E), le jeune chorégraphe avait eu envie de créer ce projet pendant le premier confinement. C’était une grande joie et une fierté pour lui de revenir avec cette création au festival Suresnes Cité Danse, où il avait participé comme jeune danseur en 1999 au triomphe de Macadam, Macadam, le spectacle de Blanca Li qui avait scellé son avenir d’interprète. Deux ans plus tard, il décrochait le titre de Battle of the Year sur cette même scène avec Wanted Posse. C’est ensuite au sein de ce collectif qu’il est revenu à de nombreuses reprises au festival, avant de créer sa propre compagnie Paradox-sal.

Malgré la peine qui les a saisies à l’annonce de la mort brutale du chorégraphe, les danseuses de sa compagnie, épaulées par les deux complices d’Ousmane Sy à Rennes, Joanna Faye et Linda Hayford, ont pris le relais. Ces neuf femmes puissantes donnent toute leur force à ce spectacle choral et ultra-rythmique. Leur air féroce et farouche met en relief leur aisance et leur virtuosité. On admire leur vitesse, leur fluidité, leur rebond dans les parties rapides qui alternent avec des parties lentes plus expressives, auxquelles la diversité des interprètes apporte une grande richesse. Chacune se lance dans un solo très personnel, sorte de mini-portraits des danseuses, formant un véritable bouquet de talents et de personnalités. Les costumes, discrets et élégants, pantalon et top bleu nuit, apportent chic et homogénéité à l’ensemble.

Accompagnés sur scène par un DJ mixant house dance et afrobeat, et par des lumières et une scénographie subtile de Xavier Lescat, les neuf danseuses alternent ensembles à l’unisson et solos inspirés, parfois poignants. Assumant le mélange des styles et des influences multiples, telles que le flamenco, le break, la house ou la danse africaine, la chorégraphie se fait grave et combative. A la fin du spectacle, le rythme s’intensifie et les interprètes, qui retrouvent les rebonds du début, sont rejointes par d’autres danseuses, formant un groupe joyeux et intense exprimant un plaisir retrouvé de danser… celui auquel nous aspirons tous.

L’ensemble est ultra-séduisant, voire caressant, et sera sans doute amené à beaucoup tourner sur les scènes françaises, lorsque la situation sanitaire le permettra.

Crédit photographique © Dan Aucante

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