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Les Prégardien : au nom du père et du fils…et de la musique !

Habitués à se produire ensemble, Christoph et nous invitent à un récital de lieder romantiques convoquant Mozart, Schubert, Silcher et Brahms, accompagnés par Michel Gees au piano.

Un beau récital qui vaut par le romantisme de ses thèmes (nature, amour, mort, mélancolie, exaltation passionnée et douleur) comme par la valeur littéraire de ses textes (von Chamisso, Heine, Goethe, Seidl, von Collin et d'autres moins connus, ou anonymes), mais qui séduit plus encore par sa qualité musicale où l'excellence et la complémentarité des voix le disputent au brio discret et intimiste de l'accompagnement pianistique.

Rompus à l'exercice du duo, à la scène comme au disque (CD Challenge Classics), père et fils renouent avec la tradition du Volkslied constitué de mélodies populaires et de textes poétiques réarrangés pour plusieurs voix, chantés, alternativement par couplets, à l'unisson ou en canon, renforcés par des ornementations discrètes qui visent à en exalter les effets musicaux et l'émotion. A ce jeu Christoph, Julian et sont experts arguant d'une parfaite complicité dans un jeu de rôles où chacun a sa place et ses caractéristiques : Julian au timbre plus juvénile, d'un lyrisme flamboyant aux aigus lumineux, Christoph au timbre plus mat, aux graves assurés, narrateur émérite et maitre de l'incarnation. Tous deux réunis dans un même équilibre et une diction irréprochable.

Les lieder mozartiens qui ouvrent le programme : Sehnsucht nach dem Frühlinge ; Abendempfindung ‘an Laura' ; Komm, liebe Zither bénéficient d'une interprétation très lyrique « cantabile », souple et élégante, soutenue par le délicat piano de dans un climat rappelant les opéras mozartiens où Julian vient de camper un magnifique Tamino. Les mélodies de (1789-1860) sont assurément une agréable découverte ; musicien arrangeur de chœurs d'homme, connu surtout pour sa musique militaire et sa célèbre Loreley. Plus apaisés, en demi-teinte, celles de Brahms, chantées pour l'essentiel à l'unisson mettent l'accent sur une ambiance douce-amère où l'on admire la précision de la mise en place, mais l'essentiel reste à venir avec un florilège de lieder schubertiens célèbres qui offre aux Prégardien l'occasion d'une interprétation haute en couleurs : depuis le fluide Auf dem Wasser zu singen, le mystérieux et attentiste Meeresstille, le dramatique Der Zwerg , ou encore le très théâtral Erlkönig chanté à deux voix, avant que le poétique Nacht und Träume sous tendu par un magnifique legato ne conclut ce splendide récital sur une poignante incantation…Un beau moment de communion, à écouter et réécouter sans modération sur le site du Théâtre de la Monnaie.

Crédit photographique : Christoph et © Hans Morren

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