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Dans l’intimité de Louis XIV au crépuscule de sa vie

a réuni la fine fleur des interprètes du répertoire baroque pour nous offrir une promenade nostalgique dans les souvenirs musicaux du « plus grand roi du monde ».

En 1713, le Soleil achève sa course : les dernières années du règne de Louis XIV se déroulent dans un Versailles à l'atmosphère sépulcrale. Entre les deuils familiaux et l'austérité dévote suscitée par Madame de Maintenon, la cour est entrée dans l'ombre après les fastes du début de ce trop long règne. Au seuil de la nuit, une fois libéré des lourdeurs de l'étiquette, Sa Majesté aspire au repos de l'âme et à la consolation que lui apportent les musiques qu'il a tant aimées. Après les cérémonies codifiées du Coucher, le roi entre « dans son particulier » et aime à faire venir autour de son lit ses plus proches musiciens pour un concert de l'intimité, sous l'égide du surintendant Lalande. , qui enseigna autrefois au roi la guitare, est un familier très demandé. Son rôle est tenu ici par au théorbe. Autour de lui, deux chanteurs, deux violons, deux flûtes, trois violes et le grand clavecin Blanchet du château, que joue . Le programme s'ouvre par un prélude intime aux violes, avant la Grande Pièce Royale du surintendant Lalande, pièce « que le Roy demandait souvent » et qui évoque les symphonies des heures fastes. Le programme fait ensuite des aller-retours entre ferveur intimiste et souvenirs heureux : évocation des années Lully dans une suite reconstituée par Philidor à partir d'extraits d'opéras-ballets et qui s'ouvre sur l'ineffable Sommeil d'Atys, airs de cour de (superbe ), danses de Marin Marais… Le souvenir de ces musiques qui ont ponctué le règne du monarque est évoqué dans le beau texte du livret d'accompagnement sous la plume inspirée du musicologue Thomas Leconte (ici également flûtiste au sein des Musiciens du Roi).

C'est par le chant mélancolique des violes que s'ouvre et se referme ce programme. En guise de berceuse finale, une transcription pour deux violes du Dodo de ( et , parfaites), pièce pour clavecin écrite quelques années plus tard. Mais si le théorbe et les violes sont les instruments de la mélancolie, c'est la voix sensible de qui nous emporte au sommet de l'émotion avec l'air de Le Camus « Laissez durer la nuit », tout en délicatesse. , réunis autour de , n'ont jamais si bien porté leur nom et nous entraînent avec eux dans l'intimité de la ruelle royale.

Le label Château de Versailles-Spectacles fait ainsi véritablement revivre ces lieux habités par la musique. Et en attendant la reprise des concerts publics, il nous offre en bonus un DVD qui propose une promenade musicale dans les Grands Appartements du château déserté, avec un effectif et un programme légèrement différents, et des prises de vues somptueuses.

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