- ResMusica - https://www.resmusica.com -

L’ensemble Clément Janequin au rendez-vous pour Josquin Desprez

Quoi de plus naturel pour et l'ensemble vocal Clément Janequin, grands interprètes spécialistes de la musique de la Renaissance, de consacrer en 2021 un nouvel enregistrement autour de l'œuvre vocale de Josquin Desprez, un des compositeurs les plus en vue de la musique polyphonique française à son apogée sous François Ier, décédé il y a 500 ans.

Les commémorations sont toujours l'occasion pour les artistes de remettre en lumière les œuvres phares et des redécouvertes. Les dix-neuf propositions de ce disque ne font pas figure d'exception, toutes sélectionnées au sein du Septiesme livre de chansons du maître, recueil paru plus de vingt après la mort du musicien, attestant s'il le fallait encore de sa notoriété.

Deux prismes du compositeur sont ainsi approchés par les interprètes : la mélancolie bien caractéristique de Josquin Desprez, à l'image de Regretz sans fin il me fault endurer (piste 1), Cueur Langoreulx (piste 5), Parfons regretz et lamentable joye (piste 17) notamment ; et l'humour coquin du musicien avec, par exemple, Allegez moy doulce plaisant brunette (piste 2), Petite camusette à la mort mavez mis (piste 8), Faulte d'argent (piste 12), Baises moy ma doulce amye (piste 13).

Grâce à cela, les atmosphères varient, agréablement agencées, tout en maintenant une cohérence globale matérialisée par une texture polyphonique et contrapuntique dense de cinq ou six voix avec un contre-ténor, deux ténors, deux barytons et une basse. Le renouvellement de l'écoute est également assuré par les interventions du luthiste et de l'organiste , les chansons de Josquin pouvant s'adapter à diverses formations instrumentales. Voici ainsi une agréable alliance entre les voix et les instruments qui permet de mettre en exergue toute l'élaboration de l'écriture du maître sous son apparente simplicité. La prise de son bien équilibrée et sans respirations intempestives bénéficie de la belle acoustique du Théâtre élisabéthain du château d'Hardelot.

L'originalité de cette programmation est dans l'hommage musical de (1495-1560) avec Musae Jovis dont la polyphonie à six voix est écrite sur la mélodie de Circumdederunt me utilisée par Josquin, ainsi que le « lamentatio super morte Josquin de pres » de .

et l' sont une valeur sûre dans ce répertoire. La maîtrise stylistique de l'ensemble français, sans artifice d'affect, fait jaillir un climat soyeux et intime où les lignes claires déploient dans une technique irréprochable un contrepoint au firmament. Le tempo choisi permet une approche analytique de chaque pièce sans en oublier l'expression. Ces choix interprétatifs donnent toute l'aura nécessaire à la musique d'un pilier de la musique française.

(Visited 1 002 times, 1 visits today)