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Autour du maître de clavecin de Louis XIV par Fabien Armengaud

Voilà un récital de clavecin qui s'éloigne des sentiers battus et qui ne craint pas de s'aventurer sur les chemins de traverse du répertoire pour clavier du XVIIᵉ siècle français.

La curiosité et le goût de la découverte ont poussé à choisir comme héraut la figure trop méconnue d'Étienne Richard. Autour de lui, le claveciniste a réuni des compositeurs rarement joués, qui ont tous en commun d'être présents dans le Manuscrit Bauyn. Cet ouvrage fameux, conservé à la Bibliothèque nationale de France, est la plus importante source de la musique pour clavier du XVIIᵉ siècle en France. On y trouve de nombreuses pièces de , Jacques Champion de Chambonnières, Johann Jacob Froberger, mais aussi des œuvres de compositeurs moins connus comme , , ou l'énigmatique « Monsieur Richard ». Plusieurs organistes de l'époque portent ce patronyme, qui est celui d'une véritable dynastie de musiciens parisiens (ils sont pères, fils ou frères, et se succèdent à la tribune de Saint-Jacques de la Boucherie). Étienne est le plus renommé parce qu'il fut choisi par Louis XIV pour être son maître de clavecin. Il est légitime de penser que les pièces du Manuscrit Bauyn sont bien celles d'Étienne Richard. La qualité de son écriture en fait l'égal de ses « voisins de manuscrit », comme les nomme plaisamment .

s'apprête à prendre la succession d'Olivier Schneebeli à la direction de la Maîtrise du CMBV, après en avoir été le chef-assistant depuis de nombreuses années (lire l'entretien qu'il a accordé à ResMusica après cette annonce). Cette proximité avec le monde de la voix semble avoir eu une heureuse influence sur son jeu au clavier : articulation éloquente, belle déclamation, fluidité de l'ornementation, le clavecin de Fabien Armengaud chante et danse. Le bel instrument construit par Alain Anselm dans l'esprit du Tibaut de Toulouse met sa riche palette harmonique au service de l'art du claveciniste. Il a ici regroupé par tonalité des danses de différents compositeurs du recueil pour former six suites inédites, où Richard côtoie Hardel, Du Mont, Monnard, Pinel… dans la cohérence d'un même langage. Un intrus parmi tous ces Français : une pièce de (Passacaille del Sigr. Louigi), dont le chromatisme typiquement italien n'est pas sans rappeler les Cento partite de Frescobaldi (lui-même présent dans le Manuscrit Bauyn). Et pour clore ce programme en beauté, la grande Passacaille en ut de , pièce admirable dont le refrain, joué une dizaine de fois, fait sonner somptueusement le grave du clavecin.

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