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Une jolie Dame blanche à Limoges d’après Boieldieu

L'Opéra de Limoges met en ligne une version hybride et remaniée de La Dame blanche de . Une proposition lyrique inventive, conçue au plus près du mode de diffusion imposé par la situation actuelle.


La réputation surnaturelle de la dame blanche, annonciatrice de mort prochaine, pourrait peut-être en rebuter plus d'un. Mais les premières images de cette nouvelle production rassurent : c'est à un spectacle fédérateur et intergénérationnel que nous convie une maison lyrique souvent innovante. C'est encore le cas cette fois-ci, par le biais d'agréables dessins en noir et blanc, projetés ou animés, qui habillent le plateau d'un noir profond, partagé autant par les sept chanteurs solistes que par l'orchestre de l'Opéra de Limoges.

Pour le chœur, c'est en qualité de spectateurs que ses membres officient, masqués et installés sur les fauteuils des premiers rangs du théâtre. Ce positionnement n'empêche pas de parfaitement dynamiser l'intrigue, la direction d'acteurs de s'opérant avec une énergie évidente, entre applaudissements, acclamations ou interpellations véhémentes. Les choristes, face à la scène, sont d'une précision exemplaire autant dans leur diction que dans leurs intentions. L'homogénéité d'ensemble fait mouche pour porter une vitalité enthousiasmante.

On pourrait se dire que la position du chef , dos aux solistes et au chœur, n'est pas vraiment opportune pour favoriser la cohésion. Elle est rendue possible par la construction même du spectacle, une adaptation du célèbre opéra-comique français mêlant de nombreux extraits musicaux de la partition d'origine et du texte joué avec une agréable justesse par les chanteurs-comédiens. La direction musicale est tout autant animée et précise, l'orchestre n'étant pas le point central de la démarche compositionnelle de Boieldieu, qui s'est concentré plutôt sur un équilibre harmonieux entre le drame et la musique. Cette adaptation respecte scrupuleusement cette harmonie, tout comme l'esprit léger et galant de ce romantisme naissant, avec une verve communicative, même si un écran nous sépare des artistes.


Ici, la dame blanche tient un rôle protecteur en empêchant l'ignoble Gaveston de s'emparer du château des Avenel. L'objet de cette convoitise se matérialise par des dessins suggestifs, élégants et parfaitement intégrés aux autres composantes du spectacle, laissant surtout la place au chant. Sur le plateau, la première qualité de ces sept protagonistes est d'offrir à l'auditeur une diction irréprochable. L'ensemble de la distribution vocale porte chaque personnage dans une incarnation évidente, notamment dans la fameuse scène de la vente aux enchères. On retiendra particulièrement la jovialité et la vaillance de incarnant Georges Brown, notamment dans son air « Ah ! Quel plaisir d'être soldat ». Sous les traits d'Anna, fait valoir une pureté de timbre et un legato exquis qui dépeint toute l'élégance de son héroïne dans « Enfin, je vous revois ».

Crédits photographiques : © Opéra de Limoges

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