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La Vaghezza sculpte la musique italienne du Seicento

Pour leur premier album, les cinq musiciens de nous emmènent dans l'Italie du XVIIᵉ siècle et s'attachent à revisiter le paysage sonore en toute liberté.

Vaghezza est un terme italien qui peut se traduire par « flou artistique » ; il évoque l'idée d'imprécision, ce qui est loin d'être le cas du jeu très maîtrisé de ces interprètes. Le jeune ensemble, fondé en 2016, a choisi ce nom pour signifier sa quête d'une beauté impossible à saisir. Leur interprétation vise à mettre en valeur la part de liberté inhérente à la musique baroque, en accordant une grande place à l'ornementation et à l'improvisation. Le programme de ce premier enregistrement offre un panorama de la musique instrumentale dans l'Italie septentrionale du Seicento, au moment où l'écriture violonistique s'émancipe de la vocalité tout en assimilant les codes madrigalesques. Il fait alterner musiques de danses, canzones et sonates. Ainsi, une chanson d' (Giovane donna) sert de prétexte à des diminutions écrites par le violoniste Ignacio Ramal, après une introduction improvisée à l'orgue par Marco Crosetto. Les violons se font chanteurs, et l'art de la diminution fait souffler un vent de liberté sur tout ce répertoire.

Dès la création de l'ensemble, a remporté plusieurs prix, dont le prix Eeemerging en 2017 qui a permis permis la réalisation de cet enregistrement pour la collection Jeunes Ensembles du label Ambronay. Les cinq musiciens, issus de trois continents différents et répartis dans différents ensembles dans toute l'Europe, prennent ici une part égale dans la direction, et font preuve d'une grande qualité d'écoute mutuelle. Ils jouent sur les contrastes et les ruptures de tempo avec beaucoup d'inventivité. On ne peut s'empêcher de penser au premier CD d'un autre ensemble, Prisma, qui avait été une belle découverte chez le même label, dans un répertoire très proche de celui-ci. Les Sinfonia de illustrent la naissance de la basse continue au début du siècle, autre espace de liberté offert à l'accompagnement, parfaitement soutenu par le théorbe. Plus tardive, la Bergamasca de permet au violoncelle d'Anastasia Baraviera de donner libre cours à des guirlandes de diminutions virtuoses. Quant aux deux violons, ils sculptent véritablement la matière sonore et font preuve d'une très belle éloquence.

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