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Reines Tudor avec Diana Damrau et Antonio Pappano

propose un portrait vivant et vibrant des trois reines anglaises donizetiennes. Pappano s'impose comme le chef tout indiqué pour de futures intégrales.

Ce n'est pas la première fois qu'on trouve rassemblées sur un même album les trois scènes finales de la grande trilogie Tudor, et l'on a déjà vu de par le passé paraître des compilations d'extraits des intégrales réalisées par Beverly Sills ou Edita Gruberova.

Avec ce nouvel album de , c'est bel et bien à l'ambitieux projet de mettre explicitement en regard les scènes finales d'Anna Bolena, de Maria Stuarda et de Roberto Devereux que nous avons affaire. La confrontation de ces trois grandes scènes, avec tous leurs parallèles et leurs contrastes, est des plus fascinantes. La direction énergique et sur-vitaminée d' porte le souffle dramatique de ces trois moments paroxystiques qui conduisent soit à l'exécution d'Anna ou de Maria, soit à celle de l'amant d'Elisabetta, laquelle lutte sans succès contre les émotions contradictoires qui la tiraillent. Le chœur et l'orchestre de l' sont des partenaires d'idéaux. Les solistes retenus pour donner la réplique contribuent eux aussi, chacun à leur manière, à la redoutable efficacité théâtrale de l'ensemble. Dans les trois rôles d'Anna, Maria et Elisabetta, se montre une tragédienne hors pair. L'exquise musicalité, la beauté des phrasés, la perfection de la technique, la qualité des trilles de « Al dolce guidami », sont indubitablement la marque d'une grande chanteuse. Damrau sait aussi colorer sa voix et n'hésite pas à prendre quelques risques pour exacerber quand il le faut l'instant dramatique. Dans les imprécations finales – « Coppia iniquia, l'estrema vendetta » pour Anna Bolena, « Ah ! si u giorno da queste ritorte » de Maria Stuarda –, elle parvient à corser son instrument jusqu'à le rendre presque méconnaissable. L'adjonction d'un contre-ré pour clore Maria Stuarda et Roberto Devereux n'était peut-être pas, cela dit, une excellente idée.

Dans le cadre d'un album consacré au répertoire belcantiste, il paraît cependant difficile, malheureusement, de passer sous silence l'apparition, pour les longues notes tenues, d'un vibrato instable pour le moins inquiétant. Fatigue passagère, ou usure précoce des moyens ? L'avenir, et les prises de rôle qui certainement ne manqueront pas, le diront. Espérons en tout cas que le repos forcé imposé depuis des mois à nos superstars du firmament lyrique aura un effet réparateur sur certains instruments quelque peu surexposés ces dernières saisons.

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