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Lumineuses pièces pour flûte de Bach par Frank Theuns et Bertrand Cuiller

Dans un programme assez composite et qui ne vise pas, pour l'instant, à l'exhaustivité, et proposent un concert varié de trois sonates pour flûte et clavecin et de la célèbre Partita pour flûte solo de Bach.

L'intéressante présentation de Wim Brabants et explique que , selon toute vraisemblance, n'a jamais eu le projet d'écrire des sonates ou partitas pour flûte par multiples de six, comme il l'a fait pour les autres instruments et en conformité avec les usages de son temps. C'est seulement au hasard des rencontres avec des flûtistes d'exception qu'il a écrit pour eux, en s'adaptant aux instruments dont ils jouaient, ou en adaptant des écrits préexistants. C'est donc avec une certaine cohérence qu'on nous présente ce programme construit pour valoriser un magnifique Traverso ayant appartenu à Pierre-Gabriel Buffardin (du moins, une copie). Cette flûte traversière en bois produit un son homogène clair et boisé, voire lumineux, chaleureux dans tout son ambitus.

La Partita BWV 1013 pour flûte seule est bien connue, ainsi que les Sonates 1034, 1030b et 1027/1039. Un arrangement de l'Allemande de la Suite Française n°6 pour clavecin, retranscrit pour flûte seule est plus inattendu. La démarche surprend un peu – même si la pratique était courante au XVIIIe siècle – mais le résultat est très réussi. On se prend à rêver d'une Suite entière pour flûte seule…

L'interprétation que font et est idéale, satisfaisant tous les équilibres. Les lignes mélodiques à la flûte sont longues et chantantes, s'appuyant sur un souffle qui semble infini (les Adagio, les Andante) mais sans s'alanguir. Sa digitalité est délicieuse, sans ostentation, et s'écoule de même dans un flot continu de bonheur. Le jeu du clavecin est au même niveau : brillant mais sans éclat intempestif, dissert mais sans prolixité. Il épouse les mêmes lignes que la flûte, les soutient de son contrepoint au point de fusionner avec elles, et on ne sait plus si le contrepoint naît de la ligne ou si c'est l'inverse. La façon dont les deux artistes jouent ensemble force l'admiration. Leur virtuosité, pleinement assumée, ni étouffée ni démonstrative, exprime une sorte de joie effervescente à la fois dansante et méditative. L'intériorité se confond avec l'extériorité. L'équilibre atteint la réunion des contraires, ce qui est le signe infaillible de la réussite quand on joue du Bach. Ce CD est une merveille, et on espère qu'il est prévu de graver les autres sonates, afin de nous offrir leur intégrale.

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