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Gustavo Dudamel unifie le corpus symphonique de Charles Ives

, expérimentateur sans limite laisse quatre symphonies qui regardent dans toutes les directions. Il faut la maîtrise de ainsi que la relation privilégiée avec « son » orchestre de Los Angeles pour donner unité, lisibilité et un certain classicisme à ce corpus symphonique foisonnant mais hétérogène.

Musicien original, voire parfois expérimental sinon déconcertant, assureur de profession, laisse un corpus symphonique hétérogène de quatre partitions bien différentes. La première (1898) se situe, non sans réussite, dans la lignée des œuvres américaines de Dvořák, notamment dans son mouvement lent qui met en valeur le cor anglais comme dans la Symphonie du nouveau monde, mais l'irruption incongrue de fanfares militaires dans la coda du final annonce déjà le goût des collages bien propre à Ives. L'ambitieuse Symphonie n° 2 (1902) en cinq mouvements va plus loin en intégrant des hymnes populaires américains dans un univers sonore encore postromantique où passe des citations de Bach, Beethoven et Brahms. La n° 3 « The Camp meeting » (1911), la plus concise, ne recourt qu'à un effectif chambriste et baigne dans un lyrisme assez austère parcouru par des citations d'hymnes protestants avant une saisissante conclusion où interviennent des cloches.

Mais c'est la délirante Symphonie n° 4 (1916) qui a valu au compositeur sa renommée. Œuvre créée de façon posthume par Stokowski en 1965, elle requiert deux chefs (ici avec la cheffe ) à la tête de deux orchestres jouant simultanément mais indépendamment, un chœur dans le lointain, et s'avère être une des pages les plus complexes du répertoire orchestral. L'album de omet la Holidays symphony, une suite réunissant des morceaux antérieurs plus qu'une véritable symphonie, et les reconstitutions de la prométhéenne Universe symphony, un projet aux ambitions scriabiniennes resté inachevé dans les cartons du musicien. Jusqu'à présent, l'intégrale de (Sony) faisait référence, même si quelques réussites isolées comme Mehta dans la n° 1, Bernstein dans la n° 2 ou Ozawa et Dohnanyi dans la n° 4 restaient mémorables. Dudamel avec son orchestre de Los Angeles capté dans le superbe Walt Disney Hall arrive à donner cohérence, fluidité et classicisme à ces partitions souvent hétéroclites, ainsi qu'à assurer, le défi n'est pas mince, une grande lisibilité à l'impossible Symphonie n° 4.

Une superbe réussite et la meilleure approche pour découvrir cet univers musical singulier.

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