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Jean-Christophe Candau et Vox Cantoris révèlent les chants de la Nouvelle-Espagne

Entre tradition européenne et autres discours suscités par la Nouvelle Espagne, nous entraine au cœur même de ce creuset extraordinaire que fut la conquête musicale du futur Mexique. Les trésors de la cathédrale de Mexico montrent l'importance de ces textes hautement spirituels.

et sa merveilleuse phalange vocale de l'ensemble nous entraînent une nouvelle fois vers de nouvelles terres à découvrir. En 2015, lors d'un voyage au Mexique il découvrait les beautés acoustiques de la cathédrale de Mexico ainsi que celle de Puebla. Ces lieux aux vastes proportions apportent une compréhension dans la mise en espace du chant, ce que par une heureuse coïncidence offre l'acoustique de l'église de La Réole en Gironde, où réside et où a été enregistrée la présente production. Une occasion inédite de retrouver la spatialisation nécessaire à ces polyphonies savantes telles que les musiciens de la Nouvelle Espagne les pratiquaient à la fin de la Renaissance et au début du XVIIᵉ siècle.

Le programme, tourné vers la fête mariale du 15 Août, nous permet d'entendre une pièce de , l'un des grands polyphonistes espagnols au côtés de Morales et de Victoria. Maître de chapelle à la cathédrale de Séville et par la suite à Jaén, ce compositeur reste lié au Nouveau Monde puisque l'on a retrouvé à Lima (Pérou) un Magnificat de sa composition. L'hymne de l'Assomption Ave Maris Stella est un exemple remarquable de musique mariale, conçu pour les grandes processions qui accompagnaient la fête de Marie. Guerrero met en valeur la mélodie homophonique de l'hymne qu'il entoure de voix subordonnées, telles un écrin.

apprend son art dans le chœur de la cathédrale de Ségovie au milieu du XVIᵉ siècle avant de rejoindre le Nouveau Monde au Guatemala puis à Mexico. Le Magnificat du huitième ton, issu d'un cycle complet, honore la Sainte Vierge. Il se chantait lors des Vêpres en la cathédrale de Mexico, là même où fut maître de chapelle à la fin de sa vie, moments où rayonnent grandement dans une période fastueuse la musique vocale et instrumentale. Cette œuvre introduit harmonieusement la Missa De Beata Virgine de , basée sur le plain-chant de la messe grégorienne Cum Jubilo caractéristique des messes mariales. Une telle composition témoigne des capacités musicales de Lobo, dont la musique fut largement diffusée par de nombreuses copies à partir de la Cathédrale métropolitaine de Mexico, se répandant au sein de l'Amérique latine.

Vox Cantoris aborde ces pièces de manière lumineuse sous la direction savante et inspirée de . La voix de l'ensemble est profonde et portée par une acoustique généreuse que capte une prise de son d'exception. On comprend le travail d'étude et de compréhension d'un tel répertoire, particulier et imprégné des couleurs du Nouveau Monde, adoucissant l'aridité de l'antique polyphonie ibérique. On se laissera séduire par ces troublants dialogues, capables de nous toucher profondément.

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