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Duos contemporains avec piano, entre répertoire et découverte

Trois duos avec piano sont à l'affiche de ce nouveau CD du label polonais Dux : au centre un classique du répertoire contemporain pour flûte, Le Merle noir d', auquel fait écho la Sonate pour clarinette de .

La transmission de père en fils n'est pas si courante dans le monde de la composition pour qu'elle soit mentionnée. Celles des Kurtag et des Górecki sont peut-être même l'exception qui confirme la règle. est en effet le fils d'Henryk (1933-2010), figure centrale de la musique polonaise contemporaine et professeur à l'Académie de Katowice où son fils s'est également formé.

La Sonate pour piano et clarinette de ce dernier bouleverse la découpe traditionnelle (Tranquillo, Molto energico, Lento) et évoque à plus d'un titre celle de Messiaen : grappes d'accords de couleur, profil modal de la ligne, temps long de la méditation et liberté de la métrique. On pense aux « Louanges » du Quatuor pour la fin du temps à travers la pulsation obstinée des accords sous la ligne de clarinette dans le Tranquillo et ses lentes ascensions vers des climax de tension. Le travail sur la résonance et le timbre, fusion du piano et de la clarinette dans le Lento, dénote une semblable influence même si la manière est personnelle et la puissance expressive singulière. Si les tournures jazzistiques du mouvement central s'écartent radicalement de l'écriture de Messiaen, le matériau harmonique s'y réfère d'évidence. La clarinette d' tout comme le piano d' sont mis à l'épreuve via une écriture aussi fantasque que brillante, investissant tous les registres des instruments.

L'influence du jazz est prégnante et plus constante dans la Sonate pour saxophone alto et piano du Suisse qui est lui-même saxophoniste. Les trois mouvements (vif-lent-vif) portent des titres indicatifs quant à la source d'inspiration (Manhattan Excavation Sites, A brasileira…) et relèvent du flux mélodique et spontané de l'improvisation. On notera cependant l'imbrication rythmique virtuose des deux instruments dans un premier mouvement bien ficelé qui favorise ruptures et contrastes, entre suavité mélodique (celle du saxophone alto un rien académique) et jaillissements rythmiques. La complicité de et de la pianiste est exemplaire, que confirme un dernier mouvement très en verve.

On préférera le duo flûte et piano – Łukasz Długosz et – du Merle noir d', cette pièce brillante écrite pour le concours de flûte du Conservatoire de Paris qui sonne avec autant de vivacité que de tendresse sous les doigts de nos deux musiciens. Notons que ce petit chef d'œuvre de 1951 de pur style « oiseau » a gardé toute sa fraîcheur et son authenticité.

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