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Jeux de balles avec Play d’Alexander Ekman

Pour sa première reprise depuis sa création en 2017, Play d' séduit un nouveau public et transforme l'essai pour les danseurs du corps de ballet.

Pour , sujet du Ballet de l'Opéra national de Paris, et , première danseuse, héroïne du prochain film de Cédric Klapisch consacré à la danse, Play est un immense terrain d'expérimentation. Suivis par tous leurs camarades du corps de ballet, à commencer par , ou , ils mènent le bal dans un feu d'artifice d'idées scéniques toutes plus saugrenues les unes que les autres.

Depuis la création de Play sur cette même scène en 2017 et la première série de représentations, quelques menus détails ont changé. porte désormais un tee-shirt en voile vert, à l'unisson avec les balles vertes qui vont bientôt envahir le plateau. Il reste aussi plus longtemps à l'avant-scène, pour une improvisation pendant l'entrée du public, puis à intervalles réguliers, enfoui dans la fosse d'orchestre transformée en piscine à balles.

Cette reprise est aussi l'occasion de s'intéresser plus en détail aux sources d'inspiration d' et aux grandes inspirations auxquelles Play semble rattaché. , tout d'abord, dont les grandes œuvres des années 90 pratiquaient aussi la déconstruction de l'espace, l'éclatement du temps et l'absurdité des personnages. On pense fortement à ce grand chorégraphe en croisant une femme en costume de working girl, chignon et lunettes, extrêmement affairée. Comme le lapin dans Alice au pays des merveilles, elle ne fait que courir sur ses hauts talons !

Si est aussi souvent citée comme source d'inspiration d'Alexander Ekman, c'est que son travail s'apparente autant au théâtre qu'à la danse, et que les symboles se croisent dans de grands tableaux sans queue ni tête. On voit surgir des femmes cerfs, des hommes aux costumes gris, un couple de danseurs académiques, des cosmonautes ou un homme torse nu et crinoline géante autour de la taille, dansé par Aurélien Nouette.
L'originalité de Play, et ce qui fait aujourd'hui son succès auprès d'une salle enthousiaste et conquise, c'est la dimension ludique et joyeuse de sa mise en scène. Les danseurs eux-mêmes semblent prendre beaucoup de plaisir à naviguer dans cette mer de balles vertes tombée des cintres et à sauter dans la fosse d'orchestre. Les ensembles sont principalement chorégraphiés à l'unisson, et quelques duos émergent du chaos général, soulignant l'excellence d'un corps de ballet et de premiers danseurs en pleine forme en ce début de saison. C'est frais, extravagant et rafraichissant. L'Opéra du XXIᵉ siècle, couleur prairie.

Crédits photographiques : © Agathe Poupeney / Opéra national de Paris

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