- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Intérieur figé par Figuera et Costa au Châtelet

Présenté deux soirs au Théâtre du Châtelet, le texte Intérieur de Maeterlinck s'efface sous les longues modulations de la partition de et la mise en scène sans prisme de , pour ne laisser qu'une petite place à la qualité de récitation de l'acteur .


La fascination intacte des compositeurs d'aujourd'hui pour Pelléas et Mélisande de Debussy donne toujours aux textes de Maurice Maeterlinck un attrait important. Ainsi le court Intérieur, quasi impossible à mettre en scène au théâtre, revient ses dernières décennies grâce à l'opéra, à Berlin en 2017 au milieu de deux autres textes du dramaturge belge, dans le corpus sur la mort L'Invisible composé par Aribert Reimann, puis à Bruxelles en 2019, là encore en compagnie de deux autres textes, pour Le Silence des Ombres de Benjamin Attahir.

Cette saison au Châtelet, le compositeur de trente-trois ans s'attèle à son tour au monodrame Intérieur, présenté seul pour un spectacle d'à peine une heure, d'où ne ressort qu'une longue latence, évoquée par une musique déjà vieille comme par une mise en scène aux longues images illustratives sans évocations particulières. La pièce est comme toujours avec Maeterlinck un puissant jeu de non-dit, où une famille vit tranquille à l'intérieur de son foyer, tandis qu'à l'extérieur, tous savent que la fille, partie le matin ne reviendra plus. Mais pour traiter ce sujet, Figuera ne développe qu'une partition faite de notes interminables, tout juste modulées et alternées sur différentes hauteurs, échangées entre deux groupes d'instruments, l'un en fosse et l'autre sur scène. La direction de s'accorde à cette gestion ample du temps long, étiré à outrance par des musiciens de l' évidemment toujours parfaits dans une partition sans difficultés particulières.

Sur le plateau, la metteuse en scène Sylvia Costa trouve les lumières mâtinées de Matteo Bambi, souvent d'un beau bleuté, tandis qu'elle joue sur quelques maquettes de maisons en poupée russe, démultipliées par le récitant . Heureusement l'acteur de la Comédie Française permet au moins de maintenir la concentration par la délicatesse de sa diction du texte, pourtant jamais vraiment clair dans cette adaptation si l'on ne connait par avance le sujet . La danseuse Flora Gaudin apporte elle aussi sa finesse, apparaissant au début comme en double, jusqu'à ce qu'on se rende compte lorsqu'elle se lève qu'elle ne tient en réalité qu'une ample perruque rousse dans ses mains, cette dernière ensuite accrochée comme à un poteau mortuaire. La scène est surplombée d'une autre perruque parfaitement lissée, pour évoquer la morte, ici pendue à un filin. On ne peut pas dire que ce n'est pas joli, de là à dire que c'est intéressant…

Crédit photographique : © Anne-Élise Grobois

(Visited 526 times, 1 visits today)