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Maskarade de Nielsen dans la mise en scène de Tobias Kratzer à Francfort

Encore jamais présenté en France, Maskarade de revient cette saison sur deux scènes allemandes. Avant une nouvelle production à Leipzig, l'Oper Frankfurt présente une proposition un peu trop sérieuse de .

Écrit en 1906 alors que venait de faire paraître un essai pour la défense de la légèreté mozartienne, s'opposant à la lourdeur de Wagner, Maskarade n'en reste pas moins imprégné de nombreuses références à ce dernier, tout particulièrement à ses Meistersinger. À Francfort cette saison, une nouvelle production de est donnée dans une traduction allemande inédite de Martin G. Berger. Malgré cela, a dû sentir que certaines scènes et certains effets ne fonctionnaient pas tout à fait, car il a ajouté à l'écran de traduction anglaise tout en haut un second écran en plein milieu du plateau, pour simplement répéter très visiblement le texte en langue allemande. S'y ajoutent quelques didascalies à l'ouverture et une présentation des artistes aux saluts, à la manière d'un générique de film, où l'apparition de chaque chanteur est identifiée par son nom et son rôle. Pour le reste, il développe avec son décorateur Rainer Sellmaier une proposition relativement grise, sous les lumières blanches de Joachim Klein.

Un ensemble de portes tout autour de la scène permet d'entrer et sortir par tous les côtés et dynamise parfois la dramaturgie, mais ce décor neutre auquel ne s'ajoutent que quelques éléments, comme deux fauteuils et une cheminée pour imager le salon, adjoint d'un tableau porté alternativement à la main par plusieurs protagonistes, ne parvient pas tout à fait à libérer la distribution. Peut-être est-ce aussi une sensation de première, qui s'amenuisera à mesure de rodage du spectacle, mais par rapport à l'Intermezzo facile de Cimarosa joué la veille, les artistes se montrent ici tous plus limités et moins à l'aise, même lorsqu'ils sont masqués au bal de l'acte III, là où le portier déguisé en Chewbacca les a fait entrer précédemment.

De Minnie en tennisman, d'As de Cœur en Batman, les chanteurs et le chœur auxquels s'ajoutent des danseurs parviennent parfois à faire rire, sans pourtant jamais délier tout à fait une comédie épaissie par une proposition presque prétentieuse, notamment à la pantomime, quand il semblait si simple d'utiliser seulement que les éléments tangibles du livret. Le dirigé par s'accorde également à la scène en appuyant souvent la musique, dont les moments éminemment wagnériens – le Nachtwächter à l'acte II -, sans parvenir à alléger le matériau symphonique pour lui donner ici aussi plus d'allégresse.


La distribution, faite quasi exclusivement des chanteurs de la troupe, met en avant , qui manque cependant de stature pour marquer le rôle de Jeronimus. Ce père rigoriste ne crée pas assez de contraste entre le vieux monde qu'il défend et celui de sa femme et son fils, dont le seul désir est de s'amuser au Bal de l'autre côté de la rue. pour la mère Magdelone amuse plus et surjoue la vieillesse par un timbre souvent volontairement éraillé. tient Leander avec une jolie énergie, renforcée encore par celle de son valet Henrik en la personne de Liviu Holender.

Samuel Levine campe l'autre serviteur du foyer, Arv, avec la même capacité à porter les moments comiques, dont celui où il avoue au présumé fantôme tous ses méfaits. L'amante de Leander, Leonora, revient à la claire Monika Buczkowska, tandis que celle d'Henrik, Pernille, trouve un bel équilibre chez . Michael McCown pour le père de Leonora, Leonard, et surtout en Nachtwächter (Veilleur de nuit) apportent leurs graves chaleureux pour compléter cette distribution, accompagnés par un Chœur de l'opéra de Francfort qu'on a connu lui aussi plus animé et mieux préparé par Tilman Michael.

Crédits Photographiques : © Monika Rittershaus

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