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François-Xavier Roth et la Radio Bavaroise, modernités enchantées

Le pianiste est un bel atout pour une collaboration stimulante avec et l'.

Une semaine après avoir découvert la nouvelle Isarphilharmonie et les pièges de son acoustique, l'orchestre de la Radio bavaroise revient en terrain connu. La Herkulessaal est une salle un peu triste, mais le concert permet d'oublier très vite l'esthétique datée des lieux.

Dès la première œuvre de la soirée, l'entente entre le chef et l'orchestre est évidente. Pour écouter Jeux de Debussy, mieux vaut très vite oublier la trivialité mondaine de l'argument, tennis et marivaudage ; ce que Roth fait entendre place l'auditeur dans des atmosphères autrement plus élevées, avec des lumières sans cesse en mouvement. Rien que le jeu des textures et des transparences des cordes justifie l'admiration ; l'orchestre de la Radio bavaroise ne réside certes pas sur les bords de la Seine, mais on sent bien que, si bon maître que soit Roth, il n'en est pas à apprendre les rudiments du style français.

Pour le Concerto pour piano de Schoenberg qui suit, Roth reçoit le renfort pertinent de . Des premiers rangs du parterre, on entend à vrai dire un peu trop le piano et pas assez l'orchestre ; ce n'est pas si grave si on connaît l'œuvre (elle le mérite bien) : Gerstein livre sans mot dire un plaidoyer très éloquent pour cette musique d'infinie invention, joueuse et profonde, virtuose et subtile.

La première partie du Sacre du printemps fait ici largement entendre un Stravinsky qui sort juste de l'Oiseau de feu et de Pétrouchka, avec des légèretés d'elfe qui rappellent la fonction chorégraphique de la pièce. La deuxième partie, elle, met plus nettement en avant le primitivisme que Stravinsky systématisera ensuite dans une pièce comme Noces ; on renoue ici avec les reflets féériques de Jeux, créé après tout deux semaines plus tard que le Sacre. La brutalité de la seconde partie, que Roth n'atténue en aucune façon, est d'autant plus efficace qu'il n'oublie pas de ménager des respirations, des changements d'atmosphère. Le Sacre est trop fréquent au concert pour que la médiocrité y soit supportable ; même le plus blasé des mélomanes doit reconnaître ici que la partition sonne comme neuve, sans maniérismes ni grands effets, mais avec un travail de détail qui permet de la faire revivre dans le contexte de sa création.

Crédits photographiques : Photo des répétitions © Astrid Ackermann

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