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Le Malandain Ballet Biarritz danse Stravinsky à Chaillot

Créé pour le Festival Le Temps d'aimer en septembre, ce programme Stravinsky est présenté par le au Théâtre national de Chaillot. donne sa vision de l'Oiseau de feu et confie à , chorégraphe résident de la compagnie, le soin de chorégraphier le mythique Sacre du printemps.


C'est dans la droite ligne des de Serge de Diaghilev que s'inscrit , chorégraphe-directeur du Centre Chorégraphique National . L'Oiseau de feu a été créé en 1910 à l'Opéra de Paris, sur une chorégraphie de et des décors de Léon Bakst et Alexandre Golovine. Diaghilev confie la partition au jeune , compositeur alors peu connu. L'argument s'inspire des contes traditionnels russes et fait référence au mythique oiseau de feu capturé par Ivan Tsarevitch, fils du tsar de Russie.

s'éloigne de cette tradition slave pour retenir de l'oiseau de feu son rôle de passeur qui guide des ténèbres vers la lumière. Cette dimension manichéenne se traduit par la symbolique des couleurs des costumes, noirs dans la première partie, blancs dans la dernière, comme une évocation christique de la Résurrection.

L'Oiseau de feu est interprété par le merveilleux , créature androgyne, au corps à la souplesse animale, les bras désarticulés, qui confère une délicatesse et une fragilité exceptionnelles à cet oiseau. Son costume rouge sang le démarque immédiatement du reste du corps de ballet, comme un écho à l'Élu du Sacre. Ses lignes, très pures, reproduisent en les sublimant les mouvements des ailes d'un oiseau, la souplesse de son cou et sa silhouette gracile. Il est entouré de Claire Lonchampt et qui l'accompagnent dans sa quête. Dans une esthétique aux décors très épurés, Thierry Malandain signe une très belle chorégraphie où la symbiose du groupe à l'unisson est une promesse de communion et d'élévation collective vers le Beau.


Chorégraphe de 35 ans passé par le Ballet Biarritz Junior, a été révélé lors de l'édition 2016 du Concours de Jeunes Chorégraphes classiques et néoclassiques organisé à Biarritz. Thierry Malandain lui témoigne sa confiance en lui permettant d'intégrer sa compagnie en tant qu'artiste résident.

Instrumentiste, est fasciné par la puissance de la partition du Sacre du printemps. Il relève donc le défi lancé par Thierry Malandain de chorégraphier sa version de la pièce après tant d'illustres prédécesseurs, à commencer par Nijinsky et Pina Bausch.
La pièce s'ouvre très joliment sur les premières notes de la mélodie égrenées au piano. Puis le piano s'ouvre, bière d'où s'échappent un à un les danseurs, comme revenant du royaume des morts. Le passage du temps est matérialisé par la présence d'un couple de vieillards. La pièce commence avec une belle énergie d'ensemble. Physique et terrienne, la danse correspond bien au rituel païen de la musique. Toutefois, le propos se perd quelque peu dans la partie centrale, la présence du vieil homme est peu claire, l'intermède où les danseurs se passent de mains en mains des cubes en bois, trop long, ralentit le rythme. On attend l'arrivée de l'Élue et l'on regrette l'absence d'orchestre pour jouer la musique en live. La partie finale est plus intéressante. L'Élue se démarque du groupe. Dans un très beau tableau, elle vole littéralement, projetée en l'air, d'un groupe de danseurs à l'autre. Pour finir, entourée de cordes rouges, elle s'élève vers le ciel, comme purifiée par la violence du rite.

Ce programme Stravinsky constitue un bel hommage au grand compositeur et à la période si riche et moderne des .

Crédits photographiques : © Olivier Houeix

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