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Norma, figure féminine de BD

Après Thaïs et Alcina, Norma devient une héroïne de BD sous la plume de et le crayon d'.

Brandissant une faucille telle la Statue de la Liberté avec sa torche, auréolée comme Sarah Bernhardt sur les affiches de Mucha, la Norma des éditions Kifadassé en impose dès la couverture. L'album est luxueux avec son papier épais et sa couverture soyeuse. On se plonge donc volontiers dans ce mélodrame graphique adapté de l'opéra de . Dans les premières pages, avant le lever de rideau en quelque sorte, les principaux rôles/protagonistes sont présentés au lecteur avec leurs portraits en noir et blanc. Puis l'action se déroule avec un découpage en Actes comme il se doit, bien apparents sous la forme de plaques de marbre romaines en haut de page. Le livret a été traduit, versifié, adapté « afin d'en préserver la rythmique interne » selon les auteurs. Et il faut bien dire qu'on se laisse porter en suivant ce résumé de l'opéra de façon très satisfaisante. Les dialogues réussissent à être à la fois poétiques et modernes, collant à l'œuvre en préservant son intensité émotionnelle et dramatique.

Les dessins insufflent également une atmosphère très lyrique. Foisonnants comme de l'Art nouveau, tout en lignes courbes et arrondis, ils arrivent à se rapprocher d'une ambiance scénique. Les fonds des cases, riches et colorés, souvent tourmentés, ne sont pas sans évoquer les toiles peintes et participent à l'aspect poignant et saisissant du récit, changeant de teintes au fil des scènes. Les décors restent simples mais sont évocateurs, comme dans un théâtre avec quelques colonnes ou murs de temple pour situer l'action. Les costumes, notamment des figures féminines, sont particulièrement chatoyants avec leurs bijoux et leur sensualité très opératique. Les personnages aux regards intenses, avec leurs expressions tourmentées et leurs traits soulignés comme avec du maquillage, caractérisent le drame qui se noue. Enfin, d'un point de vue graphique, les textes s'élancent dans les bulles grâce à des traits souples ou raides selon l'intonation que l'on perçoit, simples ou multiples selon le « chant » des solistes ou du chœur. Ils participent aussi de cette manière au rendu opulent du dessin et au caractère bouleversant de l'œuvre.

Si ce projet éditorial pourra séduire les mélomanes amateurs de BD, on espère qu'il donnera envie à d'autres lecteurs d'écouter les œuvres, chez eux ou à l'opéra. La collection « Si l'opéra m'était dessiné » doit se poursuivre avec Fidelio.

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