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Cupid and Death par l’Ensemble Correspondances : frappé au cœur

Dialogue entre l'Amour et la Mort, Cupid and Death de et revisite le genre du mask anglais du XVIIᵉ siècle avec une équipe composée de jeunes artistes pleins d'entrain qui ravissent le spectateur.

Pièce composée de cinq entrées, l'œuvre développe les quiproquos entre les flèches de Cupidon qui tue de jeunes amants et celles de la Mort atteignant deux vieillards. Cela engendre un chaos qui explore les relations étroites entre ces deux pôles indissociables de la mort et de l'amour. Présentée pour la première fois en 1653, cette pièce est toutefois oubliée pour des raisons politiques (l'interdiction puritaine du théâtre), et il faut attendre les recherches de Katherine Lindekens pour étoffer les partitions et recueillir l'exhaustivité d'un synopsis décousu.

Dans cette bonbonnière si fabuleuse qu'est le Théâtre de l'Athénée, les quatre-vingt-dix minutes passent en un éclair et l'envoûtement harmonique se révèle dès le Prologue. Un maître de cérémonie annonce les entrées avec délicatesse, en alternance avec des projections vidéographiques, au travers des caisses en bois et des rideaux virevoltants. Les grandes figures de la Démence, de l'Amour et de la Folie se livrent alors un combat parmi les humains. Les talents et les vertus de l'Amour sont rendus aveugles par un couvre-chef articulé et l'on se retrouve dans une taverne où les variations des thèmes musicaux s'articulent autour d'une humeur badine et mélancolique.
L'orchestre se développe, tel un nuage tout le long de la scène, autour de praticables sur roulettes et la sarabande de la Mort laisse la place à un personnage drôlatique qui se déplace jusque dans la salle pour effrayer des spectateurs surpris et qui se laisse doucement repousser par les effets du vin. Entre alors la Nature, dans un cadre dans lequel un ensemble de montagnes sert de fond à une chanteuse à cothurnes en bois avec un ananas en guise de couvre chef. Le burlesque est alors évoqué par la danse des vieux hommes et des vieilles femmes avant que n'arrive Mercure en ombre projetée dont les interventions sont traduites par des sous-textes inscrits sur des pancartes et qui parfois détournés de leur sens originel suscitent l'hilarité par leur décalage.

L'ensemble des solistes est incroyablement investi pour tenir en haleine cette ambiance loufoque et déroutante. tient évidemment le haut du pavé en Nature avec une voix claironnante et égale sur toute la hauteur. Le chambellan Nicholas Merryweather est complice avec le public et permet de s'immerger complètement dans le feu de l'action.

L' est entraînant, mené avec vigueur par qui coordonne habilement scènes de comédie, chorégraphie et accompagnement musical. Mélange des genres avec les moyens du bord : la séduction est totale.

Crédits photographiques : © Alban van Wassenhove / Théâtre de l'Athénée

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