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Retour de Daniele Gatti face au « National » pour un mémorable Requiem de Verdi

Foule des grands soirs au Théâtre des Champs-Elysées pour ce Requiem de Verdi dont livre une interprétation très opératique face à l' et un quatuor vocal d'exception composé d', , et .

Qu'on ne s'y trompe pas : il n'est pas question ici de messe et encore moins de cérémonie, c'est un drame qui se joue, celui de la détresse humaine face à la mort…Point de prosélytisme mais une tragédie que nous faire vivre intensément par une direction véritablement habitée regroupant chœur, orchestre et solistes dans une même démarche démiurgique, haute en couleurs et en émotion. C'est dans un murmure recueilli que s'élèvent pianissimo les voix du Chœur de Radio-France et celles du réunies dans une même ferveur autour des mots « Requiem aeternam ». Le Dies Irae surgit ensuite dans un saisissant contraste, mené de façon très dramatique par force cuivres spatialisés (trompettes du Tuba mirum), percussions effrayantes et cordes véhémentes aux attaques tranchantes, regroupés dans un phrasé incandescent d'une fureur apocalyptique qui voit se succéder les solistes d'une distribution vocale qui brille par sa qualité autant que par son homogénéité : la belle basse profonde de séduit tant par sa colère ou sa noirceur que par son humanité ; nous gratifie d'un Ingemisco original, tout en délicatesse porté par un legato et des aigus filés d'une sublime douceur mêlant ces gémissements coupables à la complainte du hautbois ; Eleonora Burrato associe puissance d'émission, souplesse de la ligne, beauté du timbre, large ambitus, souffle inépuisable et diction sculpturale ; allie projection vocale et vibrato bien contenu. L'Offertorio fait montre d'une parfaite gestion de la polyphonie, des masses orchestrales et vocales et des équilibres entre orchestre et chanteurs. Le Sanctus fait la part belle au chœur, alors que l'Agnus Dei est tout entier exalté par la complémentarité des timbres d'Elenora Burrato et de . Le Lux aeterna impressionne quant à lui par sa gravité précédant un Libera me très théâtral, véritable course à l'abîme toute imprégnée de sentiment d'attente et de supplication douloureuse.

L' fait feu de tous ses pupitres mettant au jour des performances solistiques hors du commun (petite harmonie, cordes graves, cuivres et percussions). Le Chœur de Radio-France et celui de l'Armée française apportent leur touche d'excellence à cette interprétation qui fera date à n'en pas douter.

On sentait quelque peu tendu à l'idée de ses retrouvailles avec le National ; une heure et demi plus tard c'est un chef fatigué, mais satisfait qui constate presqu'étonné l'ampleur de son triomphe devant la standing ovation prolongée que lui réserve le public conquis de la salle de l'avenue Montaigne.

Crédit photographique : Daniele Gatti © Marco Borggreve

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