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Mahler par Cornelius Meister, efficace et terrien

A Stuttgart avec le chef , un peu trop d'insistance dramatique ne vient pas gâcher une interprétation tenue avec un orchestre et des solistes de qualité.


L'énergie physique qu'emploie un chef sur le podium n'est pas toujours proportionnée au résultat sonore, et lorsqu'elle l'est ce n'est pas toujours à bon escient. , directeur musical de l'Opéra de Stuttgart, ne ménage pas ses forces pendant tout le concert ; dès le début du premier mouvement de la Symphonie n° 2 de Mahler, cette énergie se retrouve bien dans la musique, et on sent que son interprétation n'ira pas dans le sens d'une ambition spirituelle au-delà des contingences de ce monde. Heureusement, il sait s'arrêter avant de tomber dans la brutalité, et à défaut de hauteur de vue il maintient le flux musical en mouvement constant, et le paysage sonore qu'il dessine ne manque pas d'ampleur.

Après la longue pause prescrite par le compositeur et ici respectée scrupuleusement, le deuxième mouvement convainc moins : « ne jamais se presser », écrit Mahler ; ce n'est pas tellement une question de tempo ici, mais cette nervosité constante, cette insistance rythmique ne sont vraiment pas dans l'esprit de ce mouvement. Le plus réussi est ici le passage en pizzicati, façon sérénade, où Meister trouve une insouciance bienvenue en contraste frappant avec ce qui précède – c'est efficace, mais ce n'est pas tellement non plus dans l'esprit du mouvement. Le troisième mouvement relâche un peu la tension dans la première partie ondoyante et mystérieuse : c'est une respiration bienvenue, qui donne enfin un peu d'intériorité à une interprétation qui n'en est pas prodigue.

Le lied du quatrième mouvement bénéficie de la belle sobriété de , Holopherne la veille dans la Juditha Triumphans de Vivaldi, ici parfaite liedersängerin, avec un timbre à la fois chaleureux et estompé qui restitue bien l'émotion et l'espoir de l'âme promise à la résurrection.

Le dernier mouvement et sa montée vers l'apothéose souffrent un peu de l'acoustique de la Liederhalle : à aucun moment du concert le spectateur ne se sent véritablement enveloppé par la musique comme il peut l'être dans les meilleures salles anciennes et modernes. Surtout, ici, le volume sonore et la différenciation des voix et des timbres souffrent d'une tendance marquée à la saturation qui limite l'effet du finale mahlérien. Une association défend depuis quelques années l'idée de construire une nouvelle salle à Stuttgart pour remplacer la Liederhalle existante, alliance mal pensée de centre de congrès et de salle de concert symphonique comme il en existe beaucoup en Allemagne. Le chef maîtrise au mieux la progression de l'apothéose, bien aidé par un orchestre précis aux solistes présents et par un chœur qui pourrait certes être plus transparent, mais qui reste constamment précis et nuancé ; la lutte contre les faiblesses acoustiques de la salle a cependant nécessairement ses limites.

Crédit photographique : © Matthias Baus

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