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Lawrence Brownlee et Levy Sekgapane à Gaveau : concours de contre-ut

La salle Gaveau a invité, dans le cadre des soirées de L'Instant Lyrique, deux ténors rossiniens pour un concert mémorable, et , chacun engagés pourtant par des représentations la veille et le lendemain.

Comment exprimer la gratitude qu'ils se soient démenés pour offrir cette heure et demie de plaisir vocal pour une poignée de mélomanes parisiens ? Entre mélodies en première partie et extraits d'opéras en seconde partie, nous avons une comparaison en temps réel de deux voix aux tessitures semblables et néanmoins au rendu différent.

La Lontananza et L'Orgia, chantés par , lui permettent de développer une belle sûreté dans le haut médium, avec un timbre lumineux. L'introduction et la conclusion pianistiques laissent entrevoir l'humour bienveillant de Rossini au travers des recherches harmoniques romantiques et audacieuses. La voix est pleine, sonore, sans rupture dans les registres. Toutefois, malgré un choix heureux de faire entendre un extrait de Marino Faliero, la voix se donne plus difficilement dans le registre grave avec un souffle un peu court, ce qui est également le cas pour Il Tramonto de Verdi. Les aigus redoutables sont vaillamment assurés, mais il faut assurément plus de corps pour tenir un rôle lyrique donizettien en entier.

s'impose avec une voix plus assombrie qu'à l'accoutumée et néanmoins la maîtrise technique et les couleurs plus corsées permettent un legato parfaitement posé qui en impose par son port et sa présence. L'extrait des Puritani retranscrivant une tension mélancolique fait miroiter une douceur et le velouté d'un timbre chatoyant.

C'est évidemment dans les combats de ténors que le frisson parcourt l'échine de l'auditeur, surtout dans le Rossini serio : roulades et échelles chromatiques en tous sens font confondre les voix dans des couleurs parfois trop rapprochées, prenant la place du baryténor et celui du ténor contraltino. Que ce soit Ricciardo e Zoraide ou Otello, les contre-notes s'enchaînent avec, à chaque fois, un exploit supplémentaire : l'un tient une note plus longtemps, l'autre fait une roulade un ton au-dessus, et ainsi de suite, jusque dans les bis (une nouvelle fois le duo d'Otello, la Danza de Rossini, un extrait des Misérables et une mélodie de Otis Leon McCoy).

Avec une soirée aussi enthousiasmante que cette capsule musicale, les concerts de L'Instant Lyrique ne peuvent que retenir durablement l'attention et faire revenir les aficionados.

Crédit photographique : © L'Instant Lyrique

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