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A la source du répertoire pour les 40 ans du Quatuor Parisii

C'est avec une expérience manifeste que le aborde un triptyque musical universel du quatuor à cordes constitué par Haydn, Mozart et Beethoven au sein de la Maison du Savoir de Saint-Laurent-de-Neste (Hautes-Pyrénées).

Le Quatuor Parisi nous a habitué à la qualité de son interprétation du répertoire contemporain, que ce soit à travers la musique de Giuliano d'Angiolini (en 2017 et en 2011), les œuvres de chambre de Laurent Lefrançois, et sa contribution à une intégrale Boulez, ou encore dans son approche de répertoires plus méconnus comme celui de Max d'Ollone par exemple. Pour son programme « anniversaire » (40 ans de carrière tout de même !), ces instrumentistes ont fait le choix – original pour eux ! – d'un retour aux sources avec une programmation centrée sur un corpus d'œuvres tourné vers la quintessence du répertoire pour quatuor composé entre 1782 et 1801.

Malgré le débat de l'entre-deux tours se déroulant en direct à la télévision, le public a choisi la joute musicale de trois autres candidats en la personne de Mozart, Haydn et Beethoven. Cette comparaison amusante alimente toute la soirée les interventions de Florent Brannens (second violon) et Jean-Philippe Martignoni (violoncelle) qui s'amusent même à faire voter les spectateurs à main levé avant l'entracte, pour choisir le quatuor exécuté en intégralité dans la deuxième partie du concert, entre « La Chasse » (K 458) de Mozart, le quatuor « Empereur » (op. 76/3) de Haydn, et « Malinconia » (op. 18/6) de Beethoven.

Pour la première partie, le programme se tourne plutôt vers les habitudes des salons viennois où seuls des mouvements de différents quatuors sont sélectionnés pour composer un « quatuor imaginaire » varié dans l'écriture et les intentions musicales. Deux premiers mouvements s'affrontent ainsi en premier lieu : l'horizontalité élégante d'un Mozart (K421) contre la verticalité sombre de Beethoven (op. 18/3) où le thème de la Neuvième est esquissé au second violon comme le démontre le musicien au public. Dans ce débat vindicatif, c'est bien le « père du quatuor à cordes » qui tire son épingle du jeu dès la comparaison des deuxièmes mouvements entre son « Empereur » et celui du K387 de Mozart, avec son thème principal qui passe d'un instrument à l'autre au fil des variations sans subir de transformation malgré l'évolution de l'harmonisation et une écriture de plus en plus dense et complexe, et de la confrontation des troisièmes mouvements du K458 et de ces « quintes » réputées de l'opus 76/2. Les finals de Beethoven (op. 18/6) et Haydn (op. 76/5) clôturent cet échange complice avec la salle, les musiciens ayant pris chacun la parole entre chacun de ces mouvements pour en expliquer leur particularité et plaisanter avec les spectateurs.

C'est dans cette ambiance conviviale que le quatuor « Empereur » est joué en intégralité, via un jeu lumineux, soutenu par des respirations naturelles et bien calibrées, et une lisibilité des lignes idoine agrémentée d'un équilibre souverain. Arnaud Vallin (premier violon), Florent Brannens (second violon), Dominique Lobet (alto), et Jean-Philippe Martignoni (violoncelle) font preuve d'une sérénité de bon aloi, et d'une agréable retenue concourant à une belle interprétation.

Crédits photographiques : © Lyodoh Kaneko

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