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La Périchole : nouvelle production à l’Opéra Comique

L'opéra bouffe La Périchole de connaît un regain d'intérêt avec de nouvelles productions reprises un peu partout en France, une sortie CD avec les forces vives du Palazzetto Bru Zane. C'est donc tout naturellement que l'Opéra Comique devait s'en emparer (la dernière relecture par Jérôme Savary datait de 2007).

Tout d'abord, la mise en scène de , habituée des lieux, est délicieuse, sans être trop pesante dans les effets vulgaires qu'appellent parfois les excentricités d'Offenbach. Il y a tout au plus quelques appels au French cancan appuyés et quelques illustrations musicales réductrices, mais la construction globale de la scénographie est légère, brillante et savamment espagnolisante (bien que ce choix géographique soit incongru !). Deux praticables, dont la découpe des fenêtres rappellent les ouvertures dans les tableaux de De Chirico, servent à situer l'action devant le cabaret des trois cousines au premier acte, pour se retourner au second acte et devenir le jardin du palais du Vice-Roi. Les costumes sont chatoyants et bariolés, tout en couleurs et matières contrastées (les jupes plissées en laine grossière côtoient des falbalas, froufrous et pompons), cachant de surprenants jupons qui servent quand il s'agit de lever la jambe en cadence. Les détails sont truculents (telle coiffure qui se révèle être des pains aux raisin en escargot, telle culotte Henri III fleurdelisée, telle jupe à la forme carrée) et des interventions d'objets incongrus (les lamas dans la prison, la monture de Don Andrès, une barbe à n'en plus finir sur le prisonnier du dernier acte) donnent une saveur qui surprend et fait sourire.

Stéphanie d'Oustrac incarne une Périchole de haute volée, avec une distinction de tragédienne. Elle chante admirablement tout en restant parfaitement intelligible (son air de la griserie est bien équilibré), avec une élégance qui étonne toujours chez cette chanteuse que l'on connaît plutôt dans un répertoire sérieux. lui donne la réplique avec un Piquillo d'une niaiserie touchante et humaine. Finalement, l'amour que se portent ces deux protagonistes est réel et dépasse le cadre d'un opéra-bouffe qui ne serait que potache : l'attachement entre la Périchole et Piquillo est le reflet d'une belle concordance vocale. en Don Andrès est d'une envergure énorme pour ce rôle, avec une voix bien trop mature et riche dans la matière, mais c'est un péché véniel tant le verbe est délié et l'acteur investi, drôle sans être caricatural inutilement.

Tout en subtilité, accompagne les chanteurs en maîtrisant l'orchestre qui parfois s'emballe dans le rythme. Il sait habilement respecter les clins d'œil utilisés par Offenbach dans la partition et c'est avec l' qu'il parvient à créer une direction musicale qui est globalement homogène, pleine d'esprit dans un spectacle qui emporte l'adhésion et rend toutes ses lettres de noblesse au génial Offenbach.

Crédit photographique : © Stefan Brion

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