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Thielemann et la Staatskapelle Dresden subliment la Lyrische Symphonie de Zemlinsky

Intégré au Dresdner Musikfestspiele, le dixième concert de saison de la Staatskapelle Dresden permet à de diriger une Lyrische Symphonie de Zemlinsky portée par la prosodie du baryton


En tournée la semaine suivante, la Staatskapelle Dresden et interprètent deux fois au Semperoper un programme composé de deux symphonies : l'Écossaise de Mendelssohn et la Lyrique de Zemlinsky. Comme pour celle Schumann, le chef berlinois encore directeur musical de la formation saxonne pour deux saisons aborde la musique de Mendelssohn comme une partition de Brahms, donc avec un son très dense et touffu, qui s'accorde cependant bien à la Symphonie n° 3 dite « Écossaise ».

L'Andante con moto bénéficie de cette densité. Sombre, l'interprétation cherche alors à peser par la profondeur des cordes graves autant que par les interventions des cors, d'un caractère élégiaque, comme les phrases de violons ensuite. La petite harmonie puis les violons tentent bien d'alléger l'Allegro un poco agitato, mais l'atmosphère reste toujours très concentrée, avec un traitement particulièrement puissant en fin de mouvement pour le thème repris quelques années plus tard par Wagner dans la tempête de son Vaisseau Fantôme, avant que la coda ne se voit magnifiée par le duo clarinette-basson.

Le Vivace non troppo se déroule rapidement, plus souple mais jamais léger, immédiatement enchaîné avec l'Adagio et ses superbes interventions de cors, prolongées par les pizzicati ronds des altos, violoncelles et contrebasses. Thielemann s'y montre ici presque romantique, bien que son geste reste dur et se renforce rapidement à l'approche de la coda. Reste alors à l'Allegro vivacissimo de créer de la lumière dans les couleurs toujours superbes de la petite harmonie, mais avec là encore un climat pesant au cordes, bien secondées par le timbalier jusqu'à la magnifique intervention du hautbois solo.

Ensuite, la Lyrische Symphonie de Zemlinsky devait permettre d'y entendre déjà Christian Gerhaher, avant qu'il ne reprenne l'œuvre début juin à Berlin, avec Kirill Petrenko et Lise Davidsen. Comme il est porté malade, c'est qui le remplace, sans que l'on y perde au change, tant le baryton entre dans l'ouvrage avec une splendide plénitude de chant. L'introduction pesante bénéficie encore plus que l'ouvrage précédent des couleurs sombres de Dresde et de la pression exercée sur l'orchestre par le chef : comme pour un poème symphonique de Strauss, Thielemann met en avant chaque détail de la partition, des pizzicati en contrepoints aux contrechants des vents.

Écrite en 1922 pour être créée deux ans plus tard à une centaine de kilomètre de Dresde, à Prague, l'œuvre sur des textes de Rabindranath Tagore traduits en allemand trouve avec une précision de chaque mot et chaque phrase, qui rappelle par sa qualité d'élocution du texte le baryton absent. En alternance, la soprano apporte sa touche avec une voix plus en retrait, d'autant plus limitée que les deux chanteurs sont placés juste devant le chef plutôt que derrière lui, et qu'elle voit sa main gauche lui passer devant la bouche très régulièrement. Malgré cela, elle tient avec qualité ses trois lied, notamment sur les grandes montées à l'aigu.

Le baryton dispose des plus grands moments du chef-d'œuvre, et si la partition est toujours portées par les sublimes couleurs de la Staatskapelle Dresden, à l'instar des parties de flûtes, clarinettes et bassons ou encore du célesta et de la harpe, sans pouvoir oublier le superbe solo du premier violon Matthias Wollong, c'est bien avec Eröd au dernier lied que l'émotion touche à son comble. En tournée avec ce programme, il ne proposera étonnamment a Paris dans quelques jours que la Symphonie n° 9 de Bruckner. Un fait regrettable vu l'excellence de l'interprétation de la Lyrische Symphonie à Dresde !

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