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Golda Schultz enchante la parole des femmes

La soprano sud-africaine, libère la parole des femmes dans un florilège de mélodies où les prouesses vocales répondent aux défis d'une enchanteresse interprétation.

Pour son premier opus discographique, accompagnée du luxueux accompagnateur qu'est au piano, nous livre un large panel de mélodies allemandes, anglaises et françaises qui couvre le XIXᵉ et XXᵉ siècle recrutant , , , et , comme autant de méditations disparates parfois imparfaites, audacieuses, brillantes, mais toujours émouvantes sur la vie, l'amour, la peur, la notion de soi envisagées d'un point de vue exclusivement féminin.

D'un romantisme ardent les mélodies de l'opus 12 de (1819-1896) sont transcendées par la voix enivrante de dont on ne sait qu'admirer le plus du timbre d'une superbe rondeur, de la clarté de la diction, de l'exactitude de la prosodie, ou du délicat legato de « Liebst du um Schönheit » ou encore de l'engagement vocal de « Am Strande » ou « Lorelei ». Le phrasé se creuse ensuite entrelaçant ses lignes avec un piano plus véhément mais toujours complice pour le célèbre « Erlkönig » d' (1812-1883) sensiblement différent de celui de Schubert mais tout aussi convaincant par son pouvoir d'évocation dans une interprétation très narrative et expressive à donner des frissons. Puis tout naturellement le récital se tourne vers des œuvres de (1886-1979) dans un style bien différent, fort en contrastes où les accents celtiques de « Down by the Salley Gardens » et la douceur de la berceuse « Cradle song » s'opposent aux lignes tumultueuses quasi expressionnistes de « The Tiger » et de « Seal Man », deux compositions qui portent les stigmates de la liaison chaotique et tourmentée de la compositrice avec le baryton John Goss auquel elles sont dédiées. Place ensuite à la mélodie française avec quatre œuvres très spiritualisées de (1887-1979) : « La mer est plus belle », « Prière », « Elégie », culminant dans un lumineux et fervent « Cantique ». Toutes partitions très exigeantes vocalement au niveau des aigus et du souffle, hélas entachées d'une diction perfectible…Le disque se referme sur des textes de (née en 1986) « This Be her verse » qui donne son nom à l'album, mis en musique par (née en 1977) où la parole de femme se durcit pour se faire cri de révolte et de libération chargé d'une modernité superbement assumée par Golda Schultz dans un chant très opératique, engagé, admirablement servi par le piano virtuose tout en nuances et contrastes de . Un très bel album !

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