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La consécration de la mandoline par Raffaele La Ragione

Après un dialogue convaincant entre le clavier et les cordes pincées en 2020, le nouvel album de rassemble quatre concertos qui représentent le mieux, selon l'interprète, la mandoline à son âge d'or, ainsi qu'un répertoire de référence pour tout mandoliniste que sont Vivaldi, Paisiello, Lecce et Hummel.

Le Concerto en do majeur RV 425 d' marque l'entrée en matière, historiquement et dans ce disque, de la consécration de la mandoline en tant qu'instrument soliste. L'œuvre propose un subtil équilibre entre l'instrument et l'orchestre, particulièrement bien retranscrit par une prise de son idoine, la mandoline pouvant déployer une ligne brillante au regard de la légèreté des accompagnements choisis exécutés avec élégance par l'ensemble Il Pomo d'Oro sous la direction de .

Chez , c'est avec des extraits de son opéra-bouffe Il mondo alla roversa que la mandoline s'émancipe de l'orchestre en inversant son rôle d'accompagnement à celui de protagoniste de premier plan, une inversion de rôle chère à la satire du XVIIIe siècle comme le rappelle le musicologue Guido Olivieri dans la notice de présentation. On retrouve naturellement dans le même type de répertoire avec des extraits de son opéra-bouffe La Serva padrona, le compositeur ayant été l'un des acteurs de l'école d'opéra napolitaine, alors que la patte de Joseph Haydn dans la Sinfonia en ré majeur extraite de son premier opéra Le pescatrici conclut le répertoire lyrique de cet enregistrement.

Deux concertos en sol majeur se côtoient enfin dans cette programmation : celui de où le style galant marque particulièrement l'Allegro Balletto final ; et celui de où la présence de deux flûtes et de deux cors, en plus des cordes, colore étonnamment l'expressivité élégante de la partition. Ce disque matérialise le premier enregistrement sur instruments d'époque de ces deux œuvres.

Tout au long de ces pages musicales d'une agréable élégance et d'une diversité de sonorités et d'intentions bien calibrée, caractérise son jeu par un son clair et une ligne limpide, la virtuosité pleine d'éclat et de verve de l'instrumentiste paraissant évidente au regard de la sérénité de son interprétation et la maîtrise de style comme des instruments utilisés.

Parce qu'en effet, c'est aussi la démarche « informée » des musiciens qui donne beaucoup d'intérêt à ce disque et à l'interprétation qui en découle. Ce n'est donc pas une, mais trois mandolines qui sonnent au gré des modèles de l'époque, conformément à l'organologie de l'époque où le terme de « mandoline » désignait des instruments bien différents, le répertoire choisi étant influencé par leur technique de jeu et le son de ces instruments caractérisé. Ainsi, une mandoline double à six rangs de cordes en boyau de Tiziano Rizzi d'après un instrument original d'Antonio Monzino conservé au Museo Teatrale alla Scla de Milan, accordée en tierces et en quartes, est employé pour le Concerto en do majeur de Vivaldi. Une mandoline double à quatre rangs de cordes en métal, qualifiée de « napolitaine », joue un Concerto en mi b majeur attribué – peut-être à tort – à et le Concerto en sol majeur de . Une mandoline simple en boyau à quatre cordes de Lorenzo Lippi d'après un instrument original de Carlo Bergonzi conservé au Museo Nazionale degli Strumenti Musicali de Rome, accordées en quinte, résonne enfin pour le Concerto en sol majeur de .

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