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Le voyage de Nyamba de Coralie Fayolle et Elsa Goujard, conte écologique et poétique

Commande de l'Académie musicale de Villecroze, ce conte musical clôt en beauté la saison de la à la maison ronde.

entre seule sur scène, en veste-marinière, pour faire répéter au public un chant qu'il sera invité à entonner pendant le spectacle, et dont les paroles ont été écrites par les élèves d'une école de Bondy. Puis les musiciens, en marinière également, font leur entrée, cinq instrumentistes de l' et deux invités, l'accordéoniste et le pianiste . Et enfin les maîtrisiens, nombreux, prennent possession du plateau ; ils sont en tenue blanche, bleue ou noire, sauf une fille en vert qui incarnera, lors des parties parlées, la tortue Nyamba (« tortue » en mahorais), et un garçon qui lui donnera la réplique dans le rôle d'un jeune Breton nommé Maël. Son habit ? Une marinière bien sûr.

On l'a compris, ce spectacle est placé sous le signe de la mer, celle que parcourent nos deux héros afin de ramener la petite tortue perdue dans son royaume, suivant l'inspiration du conte japonais qui sert de base au livret. Mais aussi la mer d'aujourd'hui, polluée, dépeuplée, menacée. La Fondation de la mer est d'ailleurs partenaire du spectacle, et c'est à une opération de sensibilisation que s'est attelée Elsa Goujard, avec talent, mêlant soigneusement les problèmes contemporains (le continent de plastique du Pacifique, la Mer Méditerranée vidée de ses poissons…) avec les péripéties des personnages. Il y a dans le texte un indéniable côté leçon de choses et cours de géographie, mais qui est heureusement contrebalancé par de beaux moments qui font appel au fantastique, notamment une fin poétique qui renoue avec le conte original.

La musique de , chatoyante, entraînante et rythmée, réserve le meilleur traitement au texte. Cela est probablement aussi dû à l'excellence de la , mais toutes les paroles sont intelligibles, même dans les passages à deux voix, et même dans le seul à trois voix, le savoureux chant du plancton qui est le véritable sommet musical de l'œuvre. C'est avec évidence et simplicité que l'ensemble assez fourni (contrebasse, cor, basson, clarinette, hautbois, accordéon, piano et percussions) trouve sa place au côté du chœur, offrant presque toujours, en plus de ses arabesques maritimes, un instrument monodique ou la main droite d'un clavier pour doubler la mélodie chantée.

Le public du studio 104 sort émerveillé et un grand sourire aux lèvres de ce spectacle d'une petite heure, ayant profité à plein des riches moyens de Radio France : des musiciens chevronnés, une direction aux petits oignons, des jeux de lumières, une mise en espace jouant astucieusement des effets de groupe, et surtout des maîtrisiens impeccablement préparés et tellement à l'aise qu'ils peuvent se relayer sans anicroche pour endosser le rôle du narrateur. Mais on imagine aussi très bien Le voyage de Nyamba joué dans toutes sortes de contextes et dans toutes sortes de configurations et d'adaptations. Nul doute que les directeurs d'écoles de musique et chefs de chœur de la Francophonie trouveront dans le matériel pédagogique, édité en parallèle, la matière pour d'enthousiasmants projets.

Crédits photographiques : © Christophe Abramowitz ; © CNSMD de Paris

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