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Ombre et lumière au festival Montpellier Danse

Le festival se poursuit avec de nouvelles créations, comme celle, lumineuse, de , First Memory, ou la performance plus sombre de intitulée L'Envol.

Quoi de commun entre les premières sensations corporelles d'un bébé et celles d'un danseur qui découvre l'équilibre, le rebond, la flexion, l'extension ? Pour sa nouvelle création, First Memory, , directeur du CNDC d'Angers, a demandé à ses danseurs de se plonger dans leurs premiers souvenirs de nouveaux nés. Il réagence ces sensations dans une danse savante, une écriture virtuose et toujours sur le fil. Soutenu par la composition du chorégraphe contemporain , enregistrée par l'exceptionnel , le spectacle est d'une grande sobriété, à la limite parfois de l'austérité.

Un dispositif de trois panneaux mobiles blanc, séquençant l'espace en chicane, permet de jouer, notamment au début du spectacle, avec le champ et le hors champ. Un exercice que a poussé à son extrémité dans le film Fragments, projeté dans le cadre de Ciné Danse l'après-midi même, et tourné pendant le confinement avec ses danseurs privés de tournée. Autant le cadrage de Fragments est serré, autant le champ de First Memory est large. Lorsque les panneaux réunis forment un écran opaque qui masque la danse et les danseurs, il devient conceptuel, jouant sur la frustration. On y retrouve les confrontations toniques et rythmées des danseurs par deux ou trois, sans se toucher à la manière de la capoeira.

Notes de musique sur cette partition difficile, les danseurs sont excellents, rigoureux, se battent avec l'air ou un ennemi invisible. Musicalité de certaines séquences de groupe ou d'un impressionnant duo enchevêtré de deux danseuses. La fin est tout à fait saisissante lorsque les danseurs créent avec leur corps ou leurs membres des sculptures d'aluminium en volume à partir d'éléments apportés à plat. Le plateau se couvre alors de somptueuses sculptures de Thea Djordjadze que l'on aurait souhaité apprécier plus tôt dans le spectacle.

Plus tôt dans la soirée, proposait au Studio Bagouet, siège du Centre chorégraphique national, sa nouvelle création, L'Envol. Plus qu'un envol, c'est une chute infinie que nous offre , tombant dans un puits sans fin, un vortex. Corps attirés et plongeant vers l'arrière, comme celui d'Yves Klein, puis chutant vers l'enfer comme les anges déchus qu'a pu peindre l'artiste français Guillaume Bresson dans un clair-obscur proche de l'esthétique du spectacle.

L'Envol est une expérience sensorielle qui peut sembler oppressante par le le côté obsessionnel de sa chorégraphie, basée sur la spirale et le poids, la musique électronique qui provoque un effet proche de la transe, ses fondus au noir et sa très faible luminosité. Comme Soulages, Nacera Belaza veut peindre le noir et sculpter la lumière. Corps indistincts enfouis sous des vêtements sombres et amples, hommes et femmes sont des silhouettes qui se fondent avec l'obscurité.

Crédits photographiques : First Memory © Paul Fogiel ; First Memory © Anna Van Waeg Cndc Angers ; L'Envol © Laurent-Philippe ; Nacera Belaza © Gregory Lorenzutti For Dancehouse

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