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The Seven Sins de Gauthier Dance à la Biennale de Venise

Première italienne de The Seven Sins de la compagnie allemande au Teatro Malibran, dans le cadre de la Biennale de danse de Venise, coproducteur du spectacle. Un projet inédit qui décline sept péchés capitaux vus par sept chorégraphes internationaux.

La compagnie Gautier danse existe depuis 14 ans, créée par Éric Gauthier à Stuttgart en opposition au tanz theater. Il voulait voir le « côté ensoleillé de la danse contemporaine ». C'est pourtant dans la noirceur des sept péchés capitaux qu'il nous emmène pour ce spectacle, dont chacun des sept péchés a été commandé à un chorégraphe international.

L'exploration commence plutôt sur une pente glissante. Peu inspiré, rate le premier pêché, l'Avarice, avec un texte assommant en anglais et une musique insipide. Le groupe de danseurs est vêtu de tailleurs pantalons et de costumes, projetant le monde de l'avarice dans celui des affaires, les billets de banque étant figurés par des écharpes et des foulards imprimés. On ne retrouve pas le talent tellurique du chorégraphe belge, désormais directeur artistique du Ballet du Grand Théâtre de Genève. Dommage !

Pour la Paresse, le jeune chorégraphe canadien fait une proposition plus sincère dans un style et une musique proche de Mats Ek. Il signe un duo intime et émouvant pour deux hommes en noir, avec une gestuelle caoutchouteuse et fongible dans le décor.

A la mode espagnole (ou slave), l'Orgueil est incarné par cinq femmes en robe stricte bleu et couronnes de cheveux natées sur la tête. On retrouve dans la signature de , chorégraphe de Barcelone, le style de La Veronal, une gestuelle anguleuse et stylisée dansée à l'unisson pour une frise saisissante.

En mettant en scène dans son saisissant solo sur la Gourmandise un rocker (Freddy Mercury) dévoré par l'héroïne, , l'un des deux chorégraphes maison, signe une réussite. Torse nu et chaînes sur les fesses, le personnage dévore la vie en se consumant par les deux bouts.

Avec une pièce austère et futuriste, Hofesh Schechter évoque la Luxure en slow motion et montre qu'il peut sortir de sa zone de confort. Il module le groupe de danseurs et de danseuses comme une masse aimantée, se reconstituant sans cesse. Puissant.

C'est une Colère Shakespearienne et très démonstrative qui anime ce duo éruptif et très premier degré signé . Les deux danseurs, un homme et une femme, poussent des cris de colère rageurs et démultipliés par un dispositif sonore présent à même le plateau, et qui contribue à une forme de spatialisation du son. Beaucoup de bruit et de fureur dans une forme qui peine à convaincre.

Vapeurs d'encens pour le trio féminin final, de facture assez classique qui évoque la Jalousie pour . Regards en coin lorgnant sur la voisine des trois grâces vêtues de maillots blanc. La chorégraphie se déploie, comme à son habitude, sur demi-pointes, jambes semi fléchies et bras déliés comme des lianes. Le résultat est cependant moins percutant que le magnifique Faunes montré cette saison par le Ballet de l'Opéra de Paris.

Les danseurs de cette solide compagnie de création contemporaine se glissent avec aisance dans ces univers chorégraphiques. Un programme assez diversifié et plutôt réussi, dans lequel beaucoup de chorégraphes sollicités ont eu recours à l'unisson.

Crédits photographiques : © Jeannette Bak

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