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Le Festival du Périgord Noir fête ses quarante ans

Le Festival du Périgord Noir vient de fêter ses quarante ans avec, entre autres, trois concerts dans l'église bondée de Saint-Léon-sur-Vézère, dont une soirée anniversaire.

Menées par le chef d'orchestre , trois productions maisons font intervenir les jeunes instrumentistes à cordes de l', fondé par le meneur de ces soirées. On y retrouve des musiciens fidèles au festival comme l'altiste qui a participé à chaque dizaine anniversaire, ou le clarinettiste présent l'année dernière pour une mise en musique de films muets, l'une des spécificités du festival périgourdin. Place également à la nouveauté avec la soprano ou encore le premier prix de violoncelle du 75ème Concours de Genève en 2021, .

Le 3 août, l' poursuit en fin de journée les festivités débutées quelques jours plus tôt à Montignac-Lascaux avec un programme « 100% Dvořák». L'interprétation de l'une de ses œuvres orchestrales les plus populaires aujourd'hui (en particulier son deuxième mouvement Tempo di valse), la Sérénade pour cordes en mi majeur op. 22, démontre pour commencer l'évidente cohésion des pupitres. Le raffinement et la tendresse de la partition sont déployés dans une ambiance sereine, riche en nuances suaves et chaleureuses. L'espièglerie du Scherzo Vivace sied particulièrement à cette jeunesse qui exprime une sensualité envoûtante dans son épisode central plus lent. Le tempérament lyrique (Moderato) et la délicatesse orchestrale (Scherzo Vivace) sont agréablement véhiculés par un attentionné face à ces jeunes musiciens, la connivence entre eux tous est évidente.

Autre monument du répertoire, le Concerto pour violoncelle et orchestre n°2 en si mineur op. 104 permet à de faire preuve d'un panache enthousiasmant grâce à un violoncelle étincelant qui chante éperdument d'un bout à l'autre de l'ouvrage. La profondeur du son de l'instrument est louable, tout comme la pureté de style et l'engagement de l'artiste dans la tension de l'Allegro initial mené avec ardeur. Malgré l'entente entre le soliste et l'orchestre ( se révélant très attentif à la direction de ), on regrette toutefois la version à cordes proposée ce soir, la formation étant dépourvue de la couleur des bois poétiques de l'Adagio ma non troppo notamment.

Nous voici engagés ensuite dans une soirée autour de la clarinette et de la voix. De nouveau, Mathieu Herzog se lance dans l'arrangement chambriste de deux œuvres initialement écrites pour le piano, les lieder Der hirt auf dem felsen (« Le Pâtre sur le rocher ») et Der Tod und das Madchen (« La Jeune fille et la Mort »), tout comme pour le Quatuor n°14 en ré mineur dit « La Jeune fille et la Mort ». L'orchestre de chambre se démarque par son expressivité et son lyrisme dans un tempo laissant place à quelques répits donnés par la direction du chef, sans que le discours ne se rompe, toujours en faveur d'une progression dynamique somme toute naturelle et forte d'un équilibre maîtrisé entre les instruments.

L'exubérance scénique du clarinettiste solo agace plus qu'elle ne séduit, obstruant quelque peu la perception de la qualité de jeu. Pourtant la belle musicalité de est évidente, sa dextérité et son sens du phrasé marquant sans aucune mesure sa prestation. A ses côtés pour Der hirt auf dem felsen, rayonne par un soprano d'une pureté savoureuse, déterminée sur l'ensemble de sa tessiture avec une projection généreuse et un investissement brillant.

Avec une programmation musicale sans fil conducteur particulier et quelque peu décousue le lendemain, la soirée anniversaire permet surtout à l'ensemble des protagonistes de la veille de se retrouver, rejoints par un habitué du festival en la personne de . Figure incontournable de l'alto actuel, le musicien ouvre le concert avec la Fantaisie pour alto et orchestre de . Il y déploie un charisme rayonnant et le son corsé et assuré de son instrument. On le retrouvera tout aussi flamboyant en fin de soirée avec l'Andante et Rondo hungarese pour alto et orchestre en ut mineur opus 35 de Weber.

Les impressions ressenties la veille se confirment durant cette soirée festive : un rayonnement vocal et généreux pour , autant par le biais de la comédie musicale (I feel pretty extrait de West Side Story) que de l'opérette (Meine Lippen die kussen so heiss, Extrait de Giuditta de Franz Lehar) ; la volubile expressivité de Pierre Génissson dans le Concerto pour clarinette et orchestre KV 622 de Mozart soutenue par une musicalité sans pareille ; et la complicité manifeste d'un orchestre d'un naturel confondant dans l'Adagietto de la Symhonie n° 5 de Mahler.

Crédits photographiques : Michiaki Ueno © Anne-Laure Lechat ; Jeanne Gérard et l'Orchestre Appassionato © Festival du Périgord Noir

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