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Les Voix du Vallon, première édition

C'est à l'occasion de la commémoration du centenaire de la naissance de Tony Poncet, bagnérais d'adoption durant quelques années, qu'est née l'idée de créer la toute première édition du Festival d'art lyrique « Les Voix du Vallon ».


Cité thermale emblématique des Pyrénées, placée au pied du Pic du Midi de Bigorre, la Ville de Bagnères-de-Luchon fut un terreau fertile pour l'art lyrique dans le Sud-Ouest. Le premier nom d'artiste à aviser, reste naturellement le compositeur Alfred Roland (1797-1874) qui créa le conservatoire de musique de la ville et les célèbres « Chanteurs montagnards d'Alfred Roland ». Mais l'attrait touristique de la ville a amené d'illustres visiteurs, Gioachino Rossini en tête. Enfants du pays, le compositeur et violoniste Charles Dancla (1817-1907), et le grand baryton Louis Marcelin Duclos (1879-1969) alimentèrent la pratique du chant dans la région. Cette histoire est présentée en début de soirée, en photos projetées sur grand écran, au-dessus des musiciens déjà installés.

Cette représentation clôture une édition composée de cinq concerts à la Halle aux Grains et à l'Espace Maintenon, mêlant des grands airs d'opéras, fil conducteur de cette dernière soirée, chansons d'opérette, chansons à texte et des airs italiens et espagnols avec la guitare de Gabriel Bianco. Parrain de cette première édition, c'est avec vitalité et panache que le jeune ténor porte la soirée, fort de la joie communicative d'être là. « Una furtiva lagrima » (L'Elixir d'amour) bénéficie de son souci permanent d'expression et d'aigus brillants conquérants. La clarté de son timbre et l'amplitude de sa voix conquièrent les pages de Roméo et Juliette de Gounod (« Ah ! Lève-toi soleil » et le duo « Ange adorable ») alors que son « Nessun dorma » (Turandot) est aussi poétique qu'enflammé.

est le second pilier de ce récital, au regard de la brillance et de l'éclat de son soprano, beaucoup plus conquérant dans une gavotte de haute qualité extraite de Manon (« Suis-je gentille ainsi »), qu'au concert « Femmes de Légende » mené dernièrement à Toulouse par le Palazzetto Bru Zane. La soprano souffre de la comparaison, cette dernière présentant quelques soucis de diction dans son duo de Gounod « Ange adorable » (Roméo et Juliette), et un souffle court impactant sa ligne de chant dans son interprétation de la habanera célèbre « L'amour est un oiseau rebelle » (Carmen).

Du côté des voix masculines, le baryton sait rappeler que les extraits interprétés ce soir viennent d'un art complet, son jeu théâtral et son charisme plein de charme renouvelant l'écoute de spectateurs moins avertis. La prestation du ténor Fabrice Lopez se révèle de qualité mais sans marquer les esprits dans l'air « La fleur que tu m'avais jetée » (Carmen). Avec sa stature, la basse démontre un chant sans défaut et une interprétation empreinte d'humanité dans son air de Bizet « Quand la flamme de l'amour » (La jolie fille de Perth).

La quarantaine d'instrumentistes de l'orchestre – amateur – OUT Toulouse, ont préparé le programme en deux journées seulement. Les musiciens déploient une belle homogénéité d'ensemble tout comme une clarté des pupitres agréable. Les problèmes de justesse des cors dans l'Intermezzo de Bizet (Carmen, acte 2) en retour d'entracte et la platitude du solo de la flûte traversière lors du duo « Au fond du temple saint » (Les Pêcheurs de perles, Bizet), ont peu de conséquence sur la ferveur de retrouver l'art lyrique en plein cœur des Pyrénées.

Crédits photographiques : © Océane Amiel ; © James Desauvage

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