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Simon Rattle et le LSO hors des sentiers battus

Voilà un disque pétillant, estival, dans lequel conduit le LSO hors des sentiers battus sur des rythmes et des sonorités de jazz, dans une véritable fête orchestrale empruntée à Bernstein, Stravinsky et Golijov.

Datant de 1949, dédié au clarinettiste Benny Goodman, Prelude, Fugue and Riffs de annonce immédiatement la couleur d'un feu d'artifice orchestral qui jamais ne se démentira tout au long de cet éclatant enregistrement. Magie et envoutement des rythmes, langoureux ou virevoltants, précision de la mise en place, clarté de la polyphonie, qualité et présence de la prise de son : cuivres, bois, percussions et pianos rivalisent de virtuosité dans cette jam session débridée.

Dans une mise en miroir particulièrement démonstrative l'Ebony Concerto d' composé en 1945 fait assez pale figure. Avouons qu'il ne s'agit assurément pas de la meilleure œuvre du compositeur. Reprenant la forme du concerto grosso et répondant à une commande de Woody Herman, ce concerto manque tout à la fois de fougue, d'unité et de spontanéité hésitant entre deux mondes (Amérique et Afrique, musique classique et jazz) : une œuvre hybride qui peine à convaincre malgré la qualité indiscutable des musiciens du LSO et tout particulièrement de Chris Richards à la clarinette.

D'une tout autre envergure, la suite orchestrale Nazareno (2009) d' dans un arrangement de Gonzalo Grau pour deux pianos, percussions latines et orchestre symphonique fait référence à « Jésus le nazaréen ». Arrangée à partir de la Passion selon Saint-Marc de Golijov composée en 2000, elle combine avec bonheur sonorités afro-cubaines et latino-américaines dans une féérie de timbres et de rythmes syncopés. Si le premier mouvement Berimbau se construit sur un grand crescendo de rythmes percussifs aux allures minimalistes, le second mouvement Tambor en blanco y negro fait la part belle aux pianos et aux vents engagés dans un mambo exubérant que n'aurait pas renié Bernstein, renforcé par de retentissantes trompettes. Changement radical de climat avec le mouvement suivant Sur chargé de mélancolie sur les notes égrenées du piano, la complainte des cordes et les vagissements des vents qui céderont la place aux rythmes effrénés des pianos et du marimba dans Tormenta y Quitiplà avant que Procesión ne referme cette brillante composition sur des rythmes de samba et de comparsa cubaine à faire danser les morts !

Un disque hédoniste à écouter sans modération !

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