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Voyage sonore avec l’Ensemble intercontemporain

C'est un au complet et au meilleur de sa forme qui a accueilli les spectateurs pour l'ouverture de sa nouvelle saison. Placé sous la direction de son chef Mathias Pintscher, l'orchestre a proposé un riche programme composé de deux créations mondiales et de la reprise de Concertini d'Helmut Lachemann.

La jeune compositrice (née en 1985) ouvre le concert par la création de son œuvre Ofelia inspirée par le personnage shakespearien. Pour cette pièce, la compositrice a voulu explorer le son de l'extérieur mais aussi de l'intérieur de l'instrument. À cette fin, elle a doté un des pianos d'un moteur, fabriqué par l'Ircam, qui actionne de fines bandes de papier venant pincer les cordes, créant ainsi une version électrifiée du piano préparé de John Cage. Soulignons la bonne idée d'avoir également placé des caméras à l'intérieur du piano, permettant ainsi au spectateur de voir en même temps sur écran le mécanisme en action. privilégie la brillance et la rondeur des timbres des instruments. L'ensemble est harmonieux, sans chercher l'esbroufe. Malgré quelques petites longueurs, la pièce est agréable et s'écoute avec plaisir, notamment grâce à un beau travail d'orchestration. L' souligne avec finesse la construction de l'œuvre que l'on souhaite voir reprise lors d'une saison prochaine.

Après les différentes perspectives d'écoute de la première pièce où l'on passait de l'intérieur à l'extérieur des instruments, (né en 1954) nous convie à un voyage sonore inspiré des vols en avion avec sa pièce Skysong. Cette pièce, uniquement orchestrale, s'inscrit dans une esthétique proche de celle de . Ici, le compositeur a souhaité créer, uniquement à partir de moyens acoustiques, des sons qui ressembleraient aux sons de synthèse. La direction fine et précise, quasi millimétrique, de , donne une image de la partition où chaque instrument est valorisé mais où prime le travail d'ensemble visant à créer des halos sonores entrecoupés de passages plus rythmiques venant dynamiser une pièce plutôt statique dans son ensemble.

Le point culminant de la soirée est résolument l'exécution Concertini, chef-d'œuvre d'Helmut Lachenmann (né en 1935). Ici, l'orchestre est divisé en trois entités : Des groupes des musiciens sont placés de part et d'autre du balcon en plus de ceux présents sur la scène. Cette œuvre, d'une durée excédant quarante minutes, est fascinante. D'une écriture résolument actuelle, Helmut Lachenmann s'appuie sur son modèle compositionnel d'une « musique concrète instrumentale » pour intégrer des éléments rythmiques, mélodiques et harmonies. Le spectateur est entouré par le son comme s'il était placé sur l'estrade du chef d'orchestre. Servie par les excellents soliste de l', l'écoute de cette œuvre passe à la vitesse de l'éclair tant son écriture est riche et belle.

Le public fait une ovation chaleureuse et méritée, tant au chef et aux interprètes, qu'aux compositeurs au programme de cette soirée.

Crédits photographiques : © Quentin Chevrier

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