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Pavel Kolesnikov interprète les œuvres pour piano de Reynaldo Hahn

Pour son nouveau disque, a enregistré une sélection des œuvres pour piano de , les abordant avec un goût prononcé pour le lyrisme et le raffinement des couleurs.

, lauréat du Prix Honens en 2012 et dont nous avons publié un entretien en 2018, cultive un amour particulier pour la musique française. Avant de sortir cet album, il en avait publié un autre dévolu aux compositions de Louis Couperin (Hyperion), puis un autre encore, chambriste, consacré à la musique pour les vents, réunissant des pages de Saint-Saëns, Debussy et Koechlin (Chandos), pour ne citer que ces noms.

a minutieusement ordonné sa sélection de dix-neuf (sur cinquante-trois) morceaux tirés du cycle Le Rossignol éperdu, publié en 1912, agençant une histoire dans laquelle, au lieu de rebondissements dramatiques, nous trouvons des espaces de respiration, une atmosphère impressionnante de sensualité, habitée de sortilèges et de rêverie. Les titres attribués par à ces œuvres sont évocateurs (Les deux écharpes, La danse de l'amour et de l'ennui, Soleil d'automne etc.), indiquant l'ambiance de ces miniatures sans être à proprement parler une musique à programme. Malgré le refus de la virtuosité (à peine perceptible même dans Chérubin tragique, une pièce dans laquelle il aurait été facile de briller), cette interprétation intimiste ne devient pas ennuyeuse un seul instant, subjuguant tant par la variété des nuances dynamiques et des articulations que par le sens du timbre et de la mélodie. Kolesnikov choisit parmi la plus large palette de teintes de manière à créer une image sonore similaire à l'aquarelle, dans laquelle les couleurs se fondent doucement les unes dans les autres. Et il n'abuse pas de l'usage de la pédale, plutôt modéré. Rien n'est exagéré ici, la musique ne contient pas une seule note inutile. Tout comme pour ses Variations Goldberg, Kolesnikov a opté pour le piano Yamaha CFX dont le ton semble plus mat que celui d'un Steinway & Sons.

Au milieu de ces extraits du Rossignol éperdu, Pavel Kolesnikov propose une sélection de Premières valses, tel un intermède lui permettant de changer de ton. Mettant en exergue l'humour de ces pages (Ninette, le n° 3), ainsi que leur pathos (Valse noble, le n° 4), il n'en est pas moins délicat quant aux moyens expressifs mis en œuvre. Il chante et impose réellement le rythme de la valse. Cela donne envie de prendre place dans les salons aristocratiques d'avant-guerre.

Voici un très beau disque, superbement joué et enregistré, qui devrait intéresser les aficionados de l'impressionnisme.

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