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Aida ouvre la saison lyrique de l’Opéra de Montpellier

Pour assurer son début de saison, l'Opéra Orchestre National Montpellier ouvre avec Aida de Verdi, joué pour trois soirs sur le devant de la scène du Corum, avec pour point fort une intéressante distribution.

Pas de prise de risque en cette rentrée pour Montpellier, où il faut retrouver le public après deux saisons compliquées par la crise sanitaire, avant de pouvoir proposer sereinement une plus grande ouverture du répertoire. Alors, de même que Rouen remplit avec Rigoletto pour sa production de rentrée, c'est Aida qui permet en Occitanie d'offrir à l'Opéra Berlioz du Corum une salle quasi-pleine pour trois soirs.

Assurément et à entendre le bruissement de l'audience lors des fameuses trompettes (d'ailleurs impeccables à une attaque près pour l'une d'entre elle le dimanche), beaucoup ne sont pas des habitués de spectacles lyriques et sont surtout venus pour le titre, prouvant au passage la bonne idée de la direction de débuter par un ouvrage très célèbre, capable de capter un public néophyte ou simplement amateur, avant de s'adresser aux spécialistes et passionnés.

Placée au Corum pour assurer une jauge plus large qu'à l'Opéra Comédie, au moins cette proposition ne joue-t-elle pas la facilité d'une carte postale orientaliste. Car avec cette reprise de la production demi-scénique conçue par pour Opera North en 2019, Montpellier fait en effet plutôt dans l'ascétisme, à défaut de réussir à véritablement passionner scéniquement. Et si l'artiste défend dans le programme de « faire le choix de ne céder à aucune égyptomania », aller récupérer des images des ruines d'Alep de pour les passer sur un écran, en alternance avec des masques de plâtre qui s'effritent, revient à tenter une redéfinition abstraite bien pâlotte d'un livret pourtant concentré sur l'élément guerrier.

L'orchestre placé sur scène juste derrière les chanteurs devrait en profiter, mais il aurait fallu plus vif et plus enflammé que le directeur musical du Komische Oper, Ainārs Rubiķis, pour passionner avec cette géniale partition. Celle-ci se fait alors surtout intéressante dans les parties intimistes, mais au risque de lisser trop la partition symphonique dans les grands moments, d'autant que le chœur placé derrière manque lui aussi de flamme, malgré une mise en place impeccable et de très belles interventions dans les parties de Prêtres au dernier acte.


La distribution est faite de noms moins célèbres que les Netrebko, Beczała, Stoyanova ou de León à venir très bientôt en alternance au Teatro Real de Madrid, mais a pour point fort la prise de rôle de dans le rôle-titre. Parfois en manque de soyeux, la soprano sud-coréenne passe cependant toutes les difficultés et parvient à faire vivre son personnage, malgré une dramaturgie qui la fait rester presque toute la première partie sur ou devant une table, face à une caméra retranscrite sur l'unique écran.

, prochainement face aux grands sur la scène madrilène, offre une Amnéris fine, attachante dès son premier duo avec Radamès, porté sans coup férir par . Des seconds rôles, la basse camerounaise procure à Ramphis une belle stature, tandis que le baryton se démarque des ensembles avec Amonasro. De cette distribution où les seconds rôles tiennent avec qualité le Messager (Yoann Le Lan) et le Roi (Jean-Vincent Blot), ressort encore l'enjôleuse Grande Prétresse de Cyrielle Ndjiki, à réentendre bientôt à Montpellier en Deuxième Dame de La Flûte Enchantée !

Crédits photographiques : © Marc Ginot

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