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Emanuel Gat reprend le LOVETRAIN2020 à Chaillot

Repris au Théâtre de Chaillot, LOVETRAIN2020, le spectacle d' dont la création à Montpellier Danse 2020 avait été retardée en raison de la pandémie se déploie dans une interprétation foisonnante sur une musique du groupe anglais Tears for Fears.

Foisonnant, baroque et luxuriant, tels sont les qualificatifs qui viennent d'abord à l'esprit devant le LOVETRAIN2020 d'. Un train lancé à vive allure sur la musique très eighties du groupe Tears for Fears et qui tient autant par l'exubérance de ses costumes que par la dimension chatoyante de sa danse.

C'est pourtant dans un clair-obscur que le spectacle commence, les danseurs apparaissant comme des ombres derrière les découpes formées par les pendrillons en fond de scène. Dans la fumée d'arrière-scène, ces mystérieuses silhouettes se révèlent progressivement à la lumière, se lançant pendant plus d'une heure dans une chaîne interrompue de mouvements en solos, duos ou groupes à géométrie variable. Du début à la fin, on admire l'audace dans la construction de la chorégraphie, l'inventivité dans les mouvements et une interprétation solide et impeccable des quatorze danseurs, au talent multiforme.

Cette créativité est aussi soutenue par l'exubérance et la richesse des costumes de , également interprète de la compagnie, qui puise dans l'histoire de la mode et du costume pour forger un écho à la danse. Robes d'inspiration espagnole pour une pavane qui ressemble à celle de José Limon, robe de soie taillée en biais comme on en trouve chez Pina Bausch, crevés, collerettes et accessoires qui apportent des prolongements au vêtement. Cette dimension excroissante du costume est encore plus tangible dans Chaillot Parade, le film beaucoup plus radical projeté en prélude au spectacle. Tourné pendant l'un des confinements dans les sous-sols de Chaillot, c'est un défilé de mode fantasque et grotesque filmé de très près par , la fille d', par ailleurs talentueuse photographe. On préférera la version live que nous en offre les danseurs…

Le chorégraphe d'origine israélienne, installé en France depuis de nombreuses années, façonne ici une œuvre complexe, qui se régénère elle-même au fur et à mesure des scènes, comme un organisme vivant. Il a fait le choix de s'appuyer sur une musique très forte et marquée par son époque, celle du groupe Tears for Fears. Il est paradoxal, en effet, d'avoir choisi les albums de ce duo phare de la new wave des années 80, créé à Bath au Royaume-Uni en 1981, années du début de l'épidémie de Sida, pour évoquer la libération joyeuse d'une société post-Covid, jouissant sans entraves de ses désirs. C'est néanmoins une mise en valeur inattendue de ce répertoire soyeux et décadent à laquelle nous assistons.

LOVETRAIN2020 a été créé en octobre 2020 dans une édition automnale du Festival Montpellier Danse, qui avait été annulé cet été là en raison de la pandémie. De première annulée en tournée amputée, le spectacle répété à Montpellier pendant l'été 2020 avait besoin d'une nouvelle naissance à Chaillot, l'un de ses coproducteurs, rendue possible grâce au plan France Relance. La pièce a également reçu le soutien de l'Institut Français pour ses tournées à l'international via le programme Relance Export. L'occasion tant attendue de rencontrer son public pour cette pièce qui fera date.

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