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Le Los Angeles Dance Project fête ses dix ans à Paris

Retour en France de et ses danseurs de Los Angeles avec un double programme ambitieux et éclectique du Los Angeles Dance Project, composé de Be Here Now, création mondiale de , et de trois pièces courtes de chorégraphes américaines prometteuses. 

est un ensemblier talentueux, il sait réunir autour de lui une équipe artistique exceptionnelle composée de , artiste contemporaine qui signe pour la deuxième fois une scénographie pour le chorégraphe, après Reflections en 2013, et , compositeur surdoué dont les partitions pour percussions sonnent comme une déflagration. Les phrases géantes projetées par dans une boîte qui entoure les danseurs sont construites comme une anaphore commençant par : « This is about remembering and forgetting » puis « About, about, about ».

Après un prologue pour un quatuor de danseuses, léger et caressant, lumineux, les ensembles pour femmes et hommes, solos, duos et trios se succèdent avec plus ou moins de douceur ou d'intensité. Il est dommage que la discontinuité des séquences musicales et les fondus au noir des inscriptions de créent une rupture de rythme, accentuée par les applaudissements intempestifs du public. Quelle que soit la séquence, la chorégraphie reste assez répétitive, avec ses ports de bras à la seconde, ses épaulements, ses décalés à la manière de Balanchine. Malgré la virtuosité et la technique des danseurs, les placements sont imprécis et la partie de bas de corps donne une impression brouillonne.

Mais les merveilleux danseurs du Los Angeles Dance Project ont une nouvelle occasion de montrer leurs talents dans le deuxième programme composé de trois pièces récentes de chorégraphes américaines.

Dans Everyone Keeps Me, profite de la maîtrise de la technique classique par certains des danseurs pour juxtaposer des duos et les faire se déployer dans une écriture polyphonique complexe, en écho à la partition jouée live par le quatuor. Il y a aussi des sérieuses influences Cunninghamiennes dans ce ballet qui emprunte les développés attitude, tours attitude, penchés à angle droit, au chorégraphe américain et à ses illustres prédécesseurs, Martha Graham et Jerome Robbins. Une certaine sérénité imprègne ce ballet composite, lumineux et multicolore, comme un vitrail.

Plus de fluidité et d'élasticité, comme son titre l'indique, dans le Elastic Ballet qui met en mouvement avec humour les danseurs du . Jeux de poings, clin d'œil sportif, l'agencement des pas imaginés par est vif et tonique. Costumes de jersey coloré, avec longs pantalons et robes tube, amples tuniques ajoutent de la flexibilité au mouvement des danseurs. Un interlude bienvenu et souriant.

Dans Quartet For Five, Bobbi Jenne Smith, avec son partenaire , s'emparent du célèbre Quatuor à cordes n° 5 de Philip Glass, qui a déjà inspiré de nombreux chorégraphes, pour un quintette d'une grande sobriété et créativité. Le ballet s'ouvre sur un solo féminin, puis se poursuit sur la mise en scène d'une dispute amicale entre deux hommes, très efficace. Petit clin d'œil à La Batsheva, où la chorégraphe a été formée, dans le trio sur chaises de ces hommes en pantalon de costume. D'autres passages permettent d'évoquer le thème des violences conjugales dans ce ballet qui parle des relations interpersonnelles dans une atmosphère puritaine et scandinave que ne renieraient pas Mats Ek ni Jiri Kylian. C'est de très bon augure pour la création qui va lui être confiée en mars 2023 pour le Ballet de l'Opéra de Paris.

Crédits photographiques : © Thomas Amouroux

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