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(La)Horde : performance ou divertissement ?

Dans le cadre d'une exposition performative, le collectif (La)Horde et les danseurs du Ballet national de Marseille envahissent tous les espaces de Chaillot – Théâtre national de la danse. La foule se prête avec ferveur et délice au jeu de l'exploration, dans ce qui ressemble plus à un divertissement qu'à une performance.

Le collectif (La)Horde est, depuis peu, représenté par la New Galerie à Paris. C'est une information importante pour comprendre comment la frontière entre création chorégraphique et arts plastiques est ténue pour ce trio de trentenaires qui fait feu de tout bois, incarnant une nouvelle génération de créateurs aux dimensions multiples, égérie de mode et chérie d'un public de plus en plus jeune.

Pendant quelques jours, jusqu'au 4 novembre, ils ont donc l'autorisation d'utiliser tous les espaces du Palais de Chaillot, des plateaux aux foyers, du gradin aux locaux techniques. L'accueil du public se fait à l'entrée du théâtre, en haut des marches recouvertes d'un tapis rouge brûlé sur les côtés. Un cascadeur vêtu de blanc y dégringole à intervalles réguliers, reproduisant la « cascade Belmondo » effectuée sur le tapis rouge du Palais des festivals de Cannes alors que Jean-Paul Belmondo en montait les marches.

Un peu plus bas, sous la toile d'Othon Friesz recouverte d'un calque sur lequel sont projetées des images colorisées, un duo extrait de Room with a view est dansé au milieu des spectateurs. La force tranquille des deux interprètes impressionne dans ce duo assez technique.

C'est dans le Foyer de la danse, majestueux espace avec vue sur la Tour Eiffel scintillante, que se déploie l'installation performative la plus pérenne de la soirée, autour d'une limousine sur laquelle est inscrite « We the people », de graffeurs et d'un ballet de laveuses industrielles. L'art y apparaît et y disparaît sans conviction, et l'on s'étonne que la voiture – massive et masculine – puisse encore être un objet de désir et d'expression artistique pour cette jeune génération.

Les portes de la salle Jean Vilar s'entrouvrent pour laisser passer des grappes de quelques dizaines de spectateurs, qui peuvent s'engouffrer, une fois n'est pas coutume, sous le gradin pour entre-apercevoir un couple de danseurs, puis se frayer un chemin jusqu'au plateau pour assister à une projection vidéo sur écran géant de Cultes, film agrémenté d'une performance avec rideau de pluie. Le collectif (La)Horde est en effet auteur de plusieurs films, que l'on découvre au détour des différents foyers et sous-foyers du théâtre.
Il est aussi le créateur de sculptures et d'interventions graphiques, comme ces dispositifs de refroidissement se proclamant The master's tools, ces inscriptions sur film opacifiant ou ces néons déclinant des slogans tels que celui qui donne son titre à l'exposition performative : We should have never walked on the moon.

Le Ballet national de Marseille étant aussi une compagnie de danse (on l'avait presque oublié !) l'exposition propose également des extraits de spectacle dans les différents espaces scéniques du théâtre, salle Firmin Gémier ou Maurice Béjart. On y voit de très près des danseurs interprétant le répertoire récent de la compagnie, signé , , et Cécilia Bengoléa ou le collectif (La)Horde. Ces séquences de danse auxquelles il est difficile d'accéder, sauf en faisant la queue pendant plus d'une dizaine de minutes, sont pourtant l'essence même et la raison d'être d'un Centre chorégraphique national, au-delà d'une exposition performative qui s'éloigne de sa vocation initiale, et alimente la volatilité de la notion même de spectacle.

Crédits photographiques : © Soulage, Théo Giacometti

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